Archives de septembre, 2014

Les Princes du Crime

Publié: 30 septembre 2014 dans Histoire

Bien que le métier de policier consiste essentiellement à se faire haïr par la vaste majorité de la population, nos références actuelles tendent à nous faire porter sur les forces de l’ordre un regard bipolaire. Soit on les voit coller des prunes dans les parkings, soit on les imagine combattre le crime en s’échangeant des rafales ou en coursant des truands pied au plancher. Le policier japonais affronte les yakuzas au katana, la police américaine croule sous les tueurs en série, la police canadienne traque le crime à cheval, etc.

 Encore une victoire pour la police de Prague !

Encore une victoire pour la police de Prague !

Nous avons tort, bien sûr, n’allons pas imaginer qu’il se passe dans la réalité la même chose qu’à la télé. Si vous êtes engagés dans la police, rien ne vous garantit votre quota « enquête – téléphone – donuts – poursuite – interpellation – retournement de situation – justice triomphante ». D’ailleurs vous n’êtes pas tant là pour la justice que pour la loi. Ce n’est pas pareil : la justice, c’est aider des opprimés et lire dans leurs yeux un intense mélange de joie et d’espoir. La loi, c’est convoquer les gens pour qu’ils viennent chercher leurs foutus commandements de payer au poste. Vous saisissez la nuance ?

Mais malgré toutes les difficultés que rencontrent nos vaillants et rigoureux gardiens de la paix, il ne faut pas croire non plus que chaque criminel est un parangon du Mal nécessitant soit le cerveau de Sherlock, soit la gnaque de l’inspecteur Harry pour l’envoyer au trou. Parfois, peut-être pour contrebalancer les jours où nos agents risquent leurs peaux, il arrive aux criminels de leur faire un bien aimable cadeau leur simplifiant sensiblement la tâche. Ce ne sont pas les moyens qui manquent :

Poursuites épiques

Dans les séries policières, lorsqu’un type qui n’a rien à se reprocher se fait appréhender par la police, une fois sur deux il détale ventre à terre en reversant des obstacles avant de se faire pincer comme une larve trente mètres plus loin. Dans la réalité, c’est parfois beaucoup plus con.

Tenez, par exemple : un beau jour, Manuel Munoz, citoyen du Nouveau Mexique, entreprend un cambriolage dans un entrepôt. Alertée, la police arrive sur les lieux et trouve notre héros en train de se cacher sous un bureau. Le voilà en route pour le poste.

Chemin faisant, il guette la moindre opportunité de substituer une soirée bière-télé à celle qui l’attend au poste et, à la première occasion, le voilà qui fausse compagnie à la police et pique le cent mètres de sa vie. Rapidement, il enfourche un vélo et à lui l’ivresse de la liberté !

D’ailleurs, à propos du vélo :

J’ignore s’il a dû se battre pour le voler.

J’ignore s’il a dû se battre pour le voler.

Dans sa fuite effrénée, notre téméraire canaille offrait à qui regardait vers lui la vision probablement déroutante d’un patibulaire colosse s’échinant à tirer le plus de vitesse possible d’un tout petit vélo rose à paillettes. Il existe une infinité de raisons de s’inquiéter d’un tel spectacle et la police, appelée de toute part, ne tarda pas à appréhender notre curieuse petite fille pour la faire monter dans sa camionnette.

« Qu’est-ce qui m’a trahi ? »

« Qu’est-ce qui m’a trahi ? »

Dans le même genre, Jamie Craft, sémillante jeune femme vivant dans l’état d’Arkansas, profitait d’un bel après-midi en sillonnant la ville au volant de sa voiture, ivre morte et sans pantalons. Arriva ce qui devait arriver, la demoiselle rata un contour et emboutit un mobile home.

Sa voiture ne démarre plus, la police s’approche, Jamie réfléchit autant qu’on peut réfléchir avec trois fois la limite autorisée d’alcool dans le sang. La réaction est en conséquence : elle cherche à échapper à la justice au volant de la voiture-jouet de son fils.

Encore un objet innocent corrompu par le crime.

Encore un objet innocent corrompu par le crime.

Des témoins décrivent une jolie jeune femme à moitié nue essayant tant bien que mal de tenir sur le petit engin dont elle faisait vrombir la batterie, taillant la route aussi vite que possible, à savoir pas très vite, et qui réagit très mal lorsque la police parvint malgré tout à l’appréhender (j’imagine en la doublant en marchant, hilare).

Et tant qu’on parle de délits de fuite, évoquons aussi l’histoire de Joseph Meacham, qui roulait fin pété dans les rues endormies de Saint-Louis. Rapidement pris en chasse et interpellé, le conducteur sort de son véhicule, repousse l’agent le plus proche et prend ses jambes à son cou.

Poursuivi par les policiers, Joseph se réfugie dans le bâtiment le plus proche : le commissariat central de St-Louis.

« ça m'a tout l'air d'une bonne planque ! »

« ça m’a tout l’air d’une bonne planque ! »

Il ne ralentit pas pour autant ; de sa méprise a résulté une course poursuite dantesque durant laquelle Running Joe fusait dans les couloirs avec de plus en plus de képis au train dans un vacarme assourdissant, changeant brusquement de direction à chaque fois qu’il repérait un policier.

Les témoins évoquent un oiseau paniqué coincé dans une halle, heurtant les gens et les murs dans une cacophonie de pas précipités, de cris, d’avertissements et d’appels. Des agents en nombre croissant se joignaient à la fête, bloquant les issues et cherchant à acculer leur frénétique proie. Précisons que la plupart des policiers n’avaient aucune idée des raisons de cette scène, de la dangerosité du bonhomme ou du crime qui lui était reproché.

J’aurais tellement aimé voir ça ! Si le paradis existe et que j’y suis admis, je demanderai à visionner les cassettes !

À terme, Meacham descendit le mauvais escalier et s’engouffra dans le mauvais couloir : pris dans un cul de sac, il se retourna et fit face à la cohorte d’agents avançant prudemment, prêts à en découdre. Heureusement, une sorte d’instinct de survie prit le dessus dans la tête du fugitif qui opta judicieusement pour un ctrl+alt+del de bon aloi : il se coucha au sol en position fœtale et c’en fut fini de son accès de folie.

Auto-dénonciation (plus ou moins)

Il vous est sans doute déjà arrivé d’appeler un ami involontairement parce que votre con de téléphone était dans votre poche et faisait n’importe-quoi. Sachez-le : certains criminels ont donné à ce type d’incidents une dimension inouïe.

Nathan T. et Carson R. peuvent vous en parler, aux heures des visites. Nos deux fripouilles de vingt ans étaient en effet tranquillement en train de voler une voiture lorsque le téléphone portable de l’un d’entre eux, rangé dans sa poche arrière, composa complètement par hasard le numéro 911, et l’histoire se déroule bien sûr aux States, où ce numéro mène à la police. L’opératrice qui saisit l’appel s’étonna d’entendre des voix qui n’étaient clairement pas dirigées vers l’appareil, mais demeura bien sûr à l’écoute, suspectant qu’un finaud avait besoin d’aide et s’arrangeait pour le faire savoir discrètement.

Alors qu’il se passait plus ou moins le contraire.

Alors qu’il se passait plus ou moins le contraire.

Tendant l’oreille, les policiers entendirent des bruits de verre brisé, de conversation en rapport avec diverses drogues, des tuyaux pour voler certains types de voitures, des détails concernant la revente des véhicules et probablement la vérité sur le onze septembre.

Les policiers ne mirent pas long, grâce à des détails de la conversation, à deviner où les trouver et envoyèrent une voiture les prendre en chasse. Ils entendirent même les jeunes commencer à flipper lorsqu’elle leur colla au train.

Une fois la lumière faite sur l’exceptionnelle célérité de la police, l’un des deux types eut les mots pour l’Histoire : « We really called 911 ? Damn ! »

Je n’aurais pas dit mieux mec !

Ce type d'appels involontaires est si fréquent qu'aux USA ils ont un terme pour ça : « butt-dialing ».

Ce type d’appels involontaires est si fréquent qu’aux USA ils ont un terme pour ça : « butt-dialing ».

Et là c’est la version pour enfants, avec deux djeun’z pas si méchants qui voulaient juste se faire un peu de blé et fumer des grillets, mais n’allez pas croire que ça n’arrive jamais aux caïds ; un dénommé Scott Simon se trouva appeler la police de la même manière précisément pendant qu’il planifiait un assassinat, qui fut commis peu après par un complice. Il fut bien entendu arrêté droit derrière. Trop tard quand même, vous me direz. Certes.

Auto-dénonciation (totalement)

En 2004, un meurtre aussi brutal que difficile à élucider eut lieu dans une petite ville de Californie. Bien qu’il était écrit « guerre des gangs » partout sur l’affaire, trouver le responsable s’annonçait plus que délicat.

Il s’agissait de l’assassinat d’un « gangsta » devant un magasin de boissons, abattu de plusieurs balles dans le corps. Pendant quatre ans, la justice piétina. Si le gang rival impliqué ne faisait aucun doute, un nom ainsi que des preuves manquaient à l’enquête.

Et puis un beau jour, il fut décidé de prendre en photo les tatouages des membres des gangs de passage au poste. Arrêté pour une infraction mineure au code de la route, Anthony Garcia éveilla l’attention des enquêteurs puisque son torse était entièrement recouvert d’une reconstitution du meurtre en question.

 Dans le dos, il avait tatoué les noms de ses complices et les coordonnées de l’endroit où était enterrée l’arme du crime.

Dans le dos, il avait tatoué les noms de ses complices et les coordonnées de l’endroit où était enterrée l’arme du crime.

Certes, un hélicoptère-cartoon qui descend un homme-cacahuète n’est pas totalement représentatif de ce qui s’était réellement passé, mais lorsqu’on sait que le surnom de Garcia était « Chopper » (hélico) et que son gang appelait celui de la victime « the Peanuts » (cacahuètes), les pièces s’emboîtent d’elles-mêmes ; en outre, des détails pointus étaient représentés, allant jusqu’à imiter la police de caractère de l’enseigne du magasin, le panneau de la rue, le type de lampadaires, le nombre de personnes présentes sur la scène, l’endroit où ils se tenaient et même la direction dans laquelle les balles avaient été tirées.

Le résultat était si précis qu’il suffit aux enquêteurs de le regarder pour comprendre les derniers détails qui leur avaient échappé.

Le terrorisme, ce n’est pas si facile

Lorsque Faisal Shahzad revint du Pakistan aux Etats-Unis en 2010, il avait bien l’intention de tout faire péter et de terroriser à fond les ballons, parce qu’il faisait partie de ces gens qui lisent le Coran, ne captent rien du tout et disent « hey, Dieu y dit que c’est ok de tuer des gens ! »

Surtout, le bonhomme n’était pas un cador en explosifs. Selon certaines sources, l’effort international fourni pour contrer les terroristes pousse ces derniers à recruter un peu n’importe où n’importe comment et n’ont pas toujours le loisir de former leurs jeunes soldats correctement à l’art complexe de tuer le plus d’innocents possible pour faire plaisir à un dieu d’amour.

Donc Shahzad s’en alla garer sa voiture à Time Square non sans l’avoir préalablement gavée de feux d’artifice, de propane, d’essence et de fertilisants, puis il contempla son œuvre et la trouva belle. Et lorsque l’emblématique place babylonienne fut emplie de chiens d’infidèles tout occupés à insulter le Prophète, le bourreau de Dieu accomplit son devoir, appuya sur le petit bouton rouge et une assourdissante explosion ne résonna pas du tout. Par contre, la voiture se mit à fumer suspicieusement.

N’étant pas un expert, je ne peux pas vous dire précisément où ça a merdé, mais mon hypothèse est que Shahzad a commis les erreurs que j’aurais moi-même commises si j’avais été à sa place. Ça n’est certainement pas si facile de terroriser. Je pense par exemple que contrairement à ce qu’on vous dit dans Fight Club, si vous mélangez de l’essence avec du jus d’oranges congelé, ou un truc du genre, vous n’obtenez pas de napalm. Il doit manquer quelque chose, on vit dans un monde trop con pour que le cinéma donne gratos la recette d’armes de destruction massive à son public.

Donc je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais à ce que j’ai lu Faisal ignorait qu’il fallait mélanger le fertilisant avec un autre machin et espérait que la combinaison de ses explosifs-maison et de sa foi pure et sincère allait déclencher une réaction en chaîne entre les composantes (dont certaines sont spécialement étudiées pour éviter les réactions en chaîne).

Dans la voiture fumante rapidement inspectée et sécurisée, les enquêteurs trouvèrent les clés toujours sur le contact, avec sur le même trousseau la clé du domicile de son propriétaire. Dès lors, ce fut pour la police un jeu d’enfant d’identifier notre terroriste à la petite semaine et d’émettre un ordre d’arrêt, le mettant sur liste noire afin d’éviter qu’il se taille en avion.

Ainsi, jeux jours après l’incident, Faisal fut appréhendé et arrêté… au dernier moment, dans un avion sur le point de partir pour Dubaï. Cette histoire inclut beaucoup d’amateurisme.

‘Apu zombies

Publié: 24 septembre 2014 dans Arts et lettres

Déjà ? Fichtre !

La semaine passée, nous avions pris conscience du fait que les zombies nous tomberont sur le râble de tous les côtés avant peu et que l’existence ressemblera à une série Z, et non plus à un sitcom.

Depuis je vous ai senti un peu à cran les gars ; je veux bien admettre que clamer « les zombies arrivent et je vous expliquerai la semaine prochaine comment y survivre » revient à dire qu’à tous les coups ils seront là avant, mais comme vous le voyez vous avez acheté toutes ces munitions pour rien : il ne s’est rien passé.

Ou alors si, mais c’est déjà réglé. C’est pleinement possible : suivant où l’infection a démarré, elle avait autant de chances de se propager qu’une allumette n’en a de déclencher un incendie en tombant dans un lac. Comme promis, nous allons aujourd’hui voir pourquoi.

Vous aurez peut-être remarqué que dans toutes les histoires de zombies, on passe directement du premier jour à quelques temps plus tard, lorsque le monde n’est plus que cendres et ruines. Il y a une raison à cela : personne n’a assez d’imagination pour trouver une explication à la victoire des zombies. Parce que cette lutte opposerait en fin de compte deux camps distincts : ceux qui n’ont rien contre ceux qui ont tout.

Faites vos jeux.

Faites vos jeux.

Nous sommes les rois des tueurs

« Nous », c’est bien entendu « ils » : quand on voit avec quel acharnement ça se fout dessus aux quatre coins du globe, vous n’allez pas me dire qu’on ne trouvera personne pour se retrousser les manches si d’aventure l’Homme devait retrouver une place dans la chaîne alimentaire, j’irai même jusqu’à penser qu’on verra des millions de pistoleros en herbe descendre dans les rues, l’arme au poing et des étoiles plein les yeux.

Ça fait douze mille ans que les chasseurs ne servent plus à rien, ils n’attendent que ça les pauvres !

Ça fait onze mille ans que les chasseurs ne servent plus à rien, ils n’attendent que ça les pauvres !

Nous n’avons pas notre pareil pour détruire, nous avons d’ailleurs anéanti d’innombrables espèces sans même le vouloir et là, d’un coup, on connaîtrait une menace face à laquelle nous n’aurions aucune alternative au meurtre. Il y aurait bien assez de monde pour relever le défi. Rien qu’en Suisse, combien de personnes sont-elles munies d’un permis de chasse ? Combien de collectionneurs, d’amateurs ou de paranos qui ont des flingues à la maison, rêvant pour certains depuis toujours d’une bonne raison de s’en servir ? On sait assez pourquoi on a instauré un système de permis de chasse, retirez ces contraintes et toute vie animale aura disparu du pays dans l’heure qui suit. Alors si tuer devient légitime, ça va faire plaisir à plein de gens.

Et je ne parle que des particuliers, pas de la police et encore moins de l’armée. Parce que là, le débat n’existe même plus : qu’est-ce que ces pauvres zombies peuvent faire face à ça ?

« Est-ce que quelqu’un a essayé de grogner ? Oui ? Alors je sèche. »

« Est-ce que quelqu’un a essayé de grogner ? Oui ? Alors je sèche. »

Même en admettant que la première journée ait été exceptionnellement lourde en pertes humaines, dès que l’armée aura réuni quelques hommes et organisé une riposte ça sera la fin de l’histoire. Nous, on a des milliers de pioupious parfaitement entraînés et équipés, on a de l’artillerie, des lance-flammes et des fusils à pompe automatiques, et tout ça n’est que du luxe parce qu’une poignée de blindés ou d’hélicos suffiront amplement.

« L’opération "Poing Enflammé" a été un désastre : le lieutenant James « Lightning » Douglas a glissé sur une rate et s’est fêlé une côte en tombant. »

« L’opération « Poing Enflammé » a été un désastre : le lieutenant James « Lightning » Douglas a glissé sur une rate et s’est fêlé une côte en tombant. »

Le zombie est le… truc… le plus mal loti de la création.

Je n’arrive pas à imaginer un être qui soit moins taillé pour la survie que le zombie – c’est normal puisqu’il n’a pas besoin de survivre, me direz-vous. Mais vous manquez l’essentiel : vivant ou mort, si le zombie souhaite continuer à exister, il lui faut des moyens de se défendre. Or, un mort-vivant, c’est un homme privé de tout ce qui a fait de lui le maître du monde, incapable de raisonner, de manier des outils ou de se mettre à l’abri et uniquement lié à l’existence par un tissu d’impulsions primaires et violentes. Alors mettons un type impulsif, primaire et violent face à un buffle et regardons ce que ça donne : prêts ?

Buffle : 1 / Christian Bale : 0.

Buffle : 1 – Christian Bale : 0.

Et c’est comme ça tout le temps ! Lâché parmi les animaux, le zombie ne fera pas un pli. Ce ne sont pas nos bras musclés qui nous ont permis de surclasser les fauves ou les ours. Alors en Europe ça compte moins, mais pour une fois les pays d’Asie et d’Afrique seraient spécialement bien équipés pour faire face au problème puisqu’ils disposent d’une faune si redoutable que les infectés ne pourraient même pas de se déplacer d’un bled à un autre pour propager le fléau.

Pourtant c'est juste un champ à traverser.

Pourtant c’est juste un champ à traverser.

Et encore : nous avons tort de penser d’abord aux crocos ou aux lions, la vraie menace pour les zombies est beaucoup plus petite : laissez un corps en pleine nature, il sera réduit à l’état de squelette par les insectes en trois à cinq jours. Ça prendra un peu plus de temps vu qu’il bougera légèrement en disant « greuh », mais pas tant que ça : rapidement, chaque zombie sera réduit à l’état d’essaim vrombissant et grouillant de petits prédateurs en pleine bombance, dévorant sa chair gramme par gramme jusqu’à ce qu’il n’en reste que les os. Et finalement ça sera encore ça le plus pénible pour nous : il va y avoir une chiée de mouches l’été suivant.

« Mais-euh, les zombies y sont plus forts que les animaux, pis ils les infectent, pis y ont des répulsifs à insectes, pis l’armée elle existe plus parce que 99% des gens y sont morts, pis… » Ouais ça va, j’ai compris. C’est vrai que si ça part vraiment à fond la caisse on peut imaginer que la société n’existe tout simplement plus. Le monde serait à la merci d’un mal que rien ni personne ne pourrait affaiblir, sauf peut-être un miracle, des extraterrestres, un superhéros ou la météo.

Parfaitement. … …Attends, quoi ?

Ils ne supportent pas le froid. Le chaud non plus.

Imaginons un instant que l’incursion ait lieu en hiver ou en Suisse ; les températures descendront probablement en dessous de zéro une nuit sur deux et on sait ce qui arrive à la bidoche qu’on congèle : elle congèle. Dès lors, il ne vous restera plus qu’à sortir bien emmitouflés avec des objets contondants et à faire voler en éclats les cadavres gelés parsemant les rues nocturnes de votre paisible bourgade endormie. Ça serait défoulant, convivial et physique, la définition même d’une activité saine.

Je suis sûr que les méchants du Trône de Fer seront vaincus de cette manière.

Je suis sûr que les méchants du Trône de Fer seront vaincus de cette manière.

Et si les nuits ne sont pas assez froides pour qu’ils gèlent complètement, ils seront tout de même sérieusement ralentis ; déjà guère prompts à la base, ces pauvres créatures se traîneront lamentablement en se vautrant sur le verglas tous les trois pas (hilarité garantie). Donc ce n’est plus vraiment un danger et vous avez toute la saison pour les regarder se faire anéantir par les engelures. Parce qu’une bidoche qui gèle, puis qui dégèle, puis qui regèle et ainsi de suite n’est pas juste foutue, elle est détruite.

Selon où vous vivez, il est probable que vous doutiez que vos nuits soient assez froides pour permettre l’opération « la nuit des gros maillets » mais soyez tranquilles : le soleil ne leur réussit pas mieux.

Vous avez tous déjà observé attentivement les étapes de décomposition d’un cadavre et avez relevé une chose intéressante quand on l’applique aux zombies : bouffé par ses propres bactéries, le corps se met à ballonner à cause des gaz relâchés par ces dernières (insérez blague-prout ici). Si on part du principe relativement accepté que les zombies continuent leur décomposition, ils vont devenir de plus en plus gros jusqu’au final qui fera plaisir à Michael Bay : ils exploseront. Il ne reste plus qu’à espérer qu’il n’y en avait aucun dans votre chambre à coucher.

Un autre outil central de la lutte contre les zombies

Un autre outil central de la lutte contre les zombies

Ça, c’est si la région est relativement humide, mais n’allez pas croire qu’une zone sèche leur conviendra mieux : le zombie saharien ou texan, soumis à la chaleur et l’évaporation puis frappé par le vent sec et l’air aride, entrera en phase de momification, le transformant en une créature dont vous triompherez en craquant une allumette, si tant est qu’elle ne s’est pas encore désagrégée morceau par morceau.

Donc voilà : la violence, les animaux, le froid et le chaud, tout ce qui se raconte d’ordinaire dans un ascenseur paraît leur être fatal. Rassurez-vous : le reste aussi. La Terre est un endroit pour les vivants, pas de quoi s’étonner que les morts n’y fassent pas long feu. On se dira alors que pour survire, les zombies devront constamment regrossir leurs rangs en contaminant de nouvelles victimes. Oui, mais à ce propos…

Une maladie n’ira pas loin si elle ne peut être transmise que par morsure.

Cher et affable lecteur, si, comme j’en ai toujours rêvé, je me ruais sur vous pour vous mordre sauvagement, malgré ma puissance innée et mes réflexes félins, je ne suis pas sûr de partir gagnant. Que vous soyez costaud ou pas n’est pas la question, ce que je veux dire, c’est que mordre n’est pas une activité si simple que ça à partir du moment où elle n’implique pas un oreiller.

Le fait est que je devrais mettre mes dents en contact avec votre peau, et vous avez des mains et des jambes pour faire en sorte que ça n’arrive pas ; en outre, votre habillement peut encore me compliquer la tâche.

Pas besoin de gilet pare-balles, de cotte de mailles ou de plastron, un pull en laine bien épais et un blouson en cuir donneront un nettement meilleur résultat, à tel point que même si j’arrive à mordre vous aurez encore une solide protection.

Forgeron de l’apocalypse.

Forgeron de l’apocalypse.

Et même, admettons que les zombies aient le truc pour mordre aisément : et après ? Ça reste le pire moyen imaginable pour refiler une maladie. Ça remonte à quand la dernière vaste épidémie transmise par morsure qu’ait connue l’humanité ? Ça ne remonte pas : ça n’est jamais arrivé, et il y a une bonne raison à cela.

Toutes les maladies vraiment moches qu’on a connues ont dû faire montre d’une imagination débordante pour s’imposer ; la grippe flotte dans les airs, la peste est charriée par des rats ou des puces, la malaria est transmise par des moustiques et le SIDA est carrément allé taper dans une de nos activités préférées.

- « Je veux parler du sexe. » - « Ha ! »

– Je veux parler du sexe.
– Ha !

Pour le zombisme, le vecteur est ce truc hideux, bruyant et puant qui se déplace très lentement en tendant les bras, couvert de viscères, de mouches et de sang séché. Allez-vous le laisser approcher ?

En fait, pour se reproduire, ces pauvres zombies n’ont pas d’autre choix que de s’attaquer à leur plus dangereux prédateur et pire ennemi : l’être humain. Vous savez, ce mec ou cette femme complètement à cran qui évoque le bon vieux temps en aiguisant sa machette devant le feu avec une lueur assassine dans les yeux, qui est pleinement informé du danger, qui a des êtres chers à protéger et qui s’est certainement servi de sa redoutable intelligence pour entreprendre tout ce qui est possible pour assurer sa sécurité…

Et pour finir, on va faire un crochet par le point qui me soûle toujours dans les histoires de zombies :

Les trois quarts des gens ne deviendront PAS des bandits sans foi ni loi !

Ok ok, on a compris : le monstre, c’est l’humain. Merci Paulo Coelho, maintenant je vais revoir « Dumbo » et relire « les fleurs magiques de Bernard Bouton » et j’aurai refait le tour des leçons existentielles lourdement répétées à toutes les paires d’oreilles de cinq à sept ans.

Le courage était en lui depuis le début.

Le courage était en lui depuis le début.

Est-ce qu’on peut en revenir aux zombies maintenant ? Vous savez, le truc écrit sur le boîtier… Si je voulais voir des types craquer sous la pression, virer psycho et en venir aux mains, je me relancerais Cube ou l’un des trillions d’autres films qui traitent du sujet, mais là j’ai demandé un truc qui part du postulat que les morts se relèvent pour s’en prendre aux vivants, vous pouvez considérer que je n’attends pas d’en ressortir grandi.

D’autant que si la leçon de psychologie nous rappelle juste que les humains tendent à être tentés par le crime lorsque le cadre légal périclite, merci mais des milliers de scénaristes peu inspirés sont déjà passés par là.

Or, les histoires post-apo’ tendent à considérer qu’une fois la société disparue, l’écrasante majorité des survivants se répartit immédiatement en tribus ultra violentes de bandits violeurs et cannibales sans foi ni loi, ayant balancé les règles de la civilisation par-dessus les moulins comme son instinct de redoutable prédateur sauvage et cruel l’y pousse depuis toujours.

Sauf que pas du tout. Il est évident que certains basculeraient dans le crime ou la folie, mais arrêtez de mettre ça sur le dos de l’instinct, le pauvre n’y est pour rien : lui, il tend essentiellement à assurer la survie de l’espèce, c’est lui qui nous pousse à vouloir protéger les femmes et les enfants, à nous serrer les coudes, à considérer qu’un bébé est mignon et touchant, à chercher à joindre une communauté et à travailler à sa prospérité. Ça ne passe pas nécessairement par d’horribles meurtres et exactions ponctués d’éclats de rire sardonique.

Ce n’est pas l’instinct qui pousse à détruire notre écosystème, abuser de l’agrochimie ou déclencher des pogroms, ce n’est pas l’instinct qui génère viols ou larcins, ce n’est pas l’instinct qui vous rend obséquieux, hypocrites ou opportunistes. Et c’est scientifiquement prouvé (alors ta g…).

Je sais que notre monde nous incite à nous voir comme des bêtes sauvages liées entre elles par un fragile filet de règles contre-nature, prêtes à s’entredévorer au premier qui élève un peu trop la voix, mais ça, c’est parce que nos médias sont des cuistres qui nous peignent un gigantesque zombie sur la muraille. Saviez-vous qu’un milliard de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté ces vingt dernières années ? Que jamais l’humanité n’a connu moins de guerres que durant ces quinze dernières piges ? Que mis à part les pétards, la consommation de toutes les drogues – et d’alcool – est en baisse drastique auprès des jeunes depuis quelques années ? Que les jeunes lisent plus aujourd’hui qu’il y a soixante ans ? Non ? On vous avait plutôt laissé entendre le contraire ? Ben voilà : médias.

Mais on n’est pas si méchant ; si un zombie fait irruption dans mon salon et attaque mon contrôleur fiscal alors qu’il est sur le point de découvrir que mon Turner est un original, je ne vais pas me dire « chouette, ce bol ! », je vais lui prêter main forte, et on verra après pour le tableau. Si vous faites partie d’une communauté cherchant à survivre à la dure dans un monde en ruine, je mets ma main à couper que l’immense majorité – je devrais dire chacun – d’entre vous ne voudrait surtout pas tuer sauvagement un couple et une fillette qui passent dans le coin pour leur piquer leurs affaires. L’expérience a démontré – ce ne sont pas les exemples qui manquent – qu’en cas de catastrophe, l’immense majorité des gens tend d’abord à chercher à venir en aide à son entourage plutôt qu’à s’enfermer à double tour en se cramponnant à son fusil.

Je sais que la théorie comme quoi les humains sont des puits d’égoïsme qui n’entreprennent jamais une bonne action si elle ne leur apporte pas un avantage immédiat compte pas mal de fans, mais ces braves gens devraient pousser l’idée un poil plus loin, parce qu’elle mène à un réflexe prépondérant dans notre mentalité, qu’on a compris depuis un bail, qui nous guide depuis toujours et qui a même un nom : l’altruisme réciproque.

En gros, c’est le truc qui vous pousse à venir en aide à une personne dans la panade sans en attendre un avantage direct, sachant bien qu’un jour c’est peut-être vous qui serez dans la purée et qu’à ce moment-là vous serez ravi qu’on vous renvoie l’ascenseur. C’est le voisin direct du troc et des échanges de services, qu’on oublie aussi souvent dans ce genre d’histoires.

Peut-être ne serait-ce pas inutile de rappeler parfois que si les hommes étaient à ce point-là faits pour vivre comme des bêtes, on n’aurait jamais développé cette espèce de concept, là, ce truc… Vous savez… la « civilisation »…

Les zombies approchent

Publié: 17 septembre 2014 dans Arts et lettres
À leur rythme.

À leur rythme.

« Ah, enfin un billet qui s’intéresse aux vrais problèmes ! »

Mesdames et messieurs, après avoir prévenu que mes articles risquaient d’être plus courts, j’ai l’honneur de vous en présenter un tellement long que je vais le publier en deux fois.

Alors qu’entre les catastrophes nucléaires, le réchauffement planétaire et les galères écologiques on ne sait pas quelle fin imminente nous cueillera en premier, la plus populaire vision de l’apocalypse reste l’invasion de zombies. Peut-être parce que c’est la seule qu’on puisse combiner avec des flingues. J’ai l’impression qu’on fantasme tous plus ou moins sur l’idée de se retrouver face à un péril que seule la violence peut régler.

Les années 80 l’avaient bien compris.

Les années 80 l’avaient bien compris.

Mais n’ergotons pas : ça n’arrivera pas. Non, on mourra d’un supervolcan, d’une pandémie, de faim ou en devenant tous stériles, et ça sera beaucoup moins cordial.

Pourtant… Et s’il y avait quand même un espoir ?

Aujourd’hui mes lapins, nous allons voir pourquoi les zonzons nous attendent au contour comme tout le reste. Et la semaine prochaine, car je sais reconnaître une opportunité de double-billet quand j’en vois une, nous verrons pourquoi le problème sera si vite réglé que la plupart des habitants de la planète n’aura même pas le temps d’en prendre conscience. Aussi je vous donne…

6 moyens faciles et pas chers de déclencher une apocalypse zombies avant la prochaine coupe du monde

Toxoplasmosa Gondii

Le toxoplasmosa Gondii est un parasite dont le rôle dévolu par la nature est d’être atroce. Surtout étudié chez les rongeurs, on a pu observer qu’il niche dans leurs cerveaux et prend les clés de la boutique. Une fois aux commandes, il attaque directement l’instinct de survie de l’animal et mène l’organisme qui le nourrit à sa perte pour son propre bénéfice.

C'est un peu le trader du règne animal.

C’est un peu le trader du règne animal.

Ce machin ne peut se reproduire sexuellement que dans les intestins de chat, mais il habite régulièrement les rongeurs ; aussi, quand il veut pécho, il doit d’abord s’arranger pour qu’un minet croque son hôte afin d’aller faire un tour dans ses tripes. Pour ce faire, il va influer sur l’odorat du pauvre rat, qui va connement confondre la délicate fragrance d’une rate avec avec celle d’un chat afin qu’il se dirige vers ce dernier en espérant tomber sur une bouche en cœur et un bouquet de fleurs.

En conséquence, les fleurs seront plutôt pour lui.

En conséquence, les fleurs seront plutôt pour lui.

Avec un peu d’imagination de notre part et d’adaptation de la sienne, on peut tout à fait se figurer le machin s’en prendre à des humains ; par exemple il vient dans mon petit cerveau à moi, trouve un spot pas trop ravagé par les drogues et l’alcool et paf, je n’ai plus peur des musulmans. Ou je ne suis plus raciste. Ou j’arrête de voter UDC. Bref, adieu instinct aveugle et primaire de préservation.

Donc…

Ils ne nous l’ont pas encore faite, celle-là.

Ils ne nous l’ont pas encore faite, celle-là.

À force de manger des rongeurs, beaucoup de chats sont contaminés, mais le parasite n’a pas prise sur eux ; et vous savez sur quoi d’autre il n’a aucun contrôle ? Sur l’homme. Tant mieux, parce que ce truc habiterait entre un tiers et la moitié de notre espèce. Heureusement qu’il n’existe aucune chance pour que le parasite mute ou s’adapte à notre cerveau, ça ne s’est jamais passé, c’est totalement impossible voyons, on nage dans la plus pure science-fiction !

Si vous trouvez ça mignon, vous êtes probablement infecté.

Si vous trouvez ça mignon, vous êtes probablement infecté.

Ah au fait, encore un truc : pourquoi pensez-vous que la recherche scientifique teste ses produits sur des rats ? Parce qu’ils sont étonnement proches des humains ? Mais oui ! Bravo ! C’est exactement ça ! Je dis ça juste pour la conversation.

Du reste, des effets sont bien là : des études ont démontré des liens sinistres entre le toxomachin et certains troubles comme la paranoïa ou la schizophrénie. En outre, vous courez également un léger risque de péter sérieusement les plombs.

On peut sans peine imaginer ce qui se passerait si un homme sur deux perdait tout instinct de préservation dans le sens où c’est exactement ce qui se passe maintenant, à une nuance près : actuellement, la moitié de l’espèce humaine compromet la survie de l’autre moitié.

Neurotoxines

Il était une fois un Haïtien nommé Clairvius Narcisse, mort et enterré en 1962. Dix-huit ans plus tard, le voilà qui est repéré à proximité d’un village en train de rien foutre avec un regard vague et aucun souvenir.

 Papa Doc, la misère, un tremblement de terre et maintenant ça : les Haïtiens vivent dans un joli coin, mais ils le paient cash.

Papa Doc, la misère, un tremblement de terre et maintenant les zombies : les Haïtiens vivent dans un joli coin, mais ils le paient cash.

Je vous passe les détails pour arriver au résultat de l’enquête : un prêtre vaudou local avait découvert un truc sympa appelé tétrodotoxine, substance que vous trouvez par exemple dans le fugu, ce poisson des côtes japonaises que vous mangez par défi, sachant que si le cuistot s’est loupé vous allez mourir dans un douloureux élan de spasmes et de convulsions.

Si la dose est faible, vous vous contenterez d’un sérieux coma qui vous fera passer pour foutu aux yeux de presque n’importe-qui. Or, il existe certaines substances qui peuvent vous sortir des vapes, mais à la dure : adieu souvenirs, raison et humanité, vous voilà devenu une sorte de zombie hippie, pacifiste et docile, apte à accomplir des tâches simples et à marcher lentement les bras ballants en grognant, tant qu’on vous nourrit et qu’on vous donne régulièrement votre petite dose de zombiciline 500.

Dans la culture populaire, le truc du poison qui tue-mais-en-fait-non a été utilisé tant et plus dans bien des histoires, Roméo et Juliette en tête, et bien sûr à Haïti on a trouvé un type pour tester ça en live : il empoisonnait des villageois, les faisait passer pour morts, les déterrait en douce, les ranimait et les faisait bosser dans ses plantations de sucre.

Au fil des siècles, l’homme a fait montre des résolutions les plus abjectes pour éviter d’avoir à travailler lui-même dans ses foutues plantations.

Au fil des siècles, l’homme a fait montre des résolutions les plus abjectes pour éviter d’avoir à travailler lui-même dans ses foutues plantations.

Est-ce une histoire vraie ? Probablement pas complètement, il en existe d’ailleurs plusieurs versions, mais quelque part j’ai envie de dire que ça ne s’invente pas (mais ça s’exagère certainement).

Mais vrai ou pas, vous me direz que tant que ce ne sont pas des trucs hostiles qui veulent vous manger, on ne parle pas vraiment de zombies. Sans doute, mais laissez quelques années aux chercheurs en armes bactériologiques et je pense qu’on y arrivera.

Neurogenèse

Si la neurogenèse a encore un bon bout de chemin à parcourir avant d’être maîtrisée, cette science nous promet une avancée en médecine aussi fantastique que notre agonie sera brève lorsque surviendront les inévitables complications inclues dans le paquet : nous avons vu trop de mauvais cinéma pour ignorer que la régénération des cellules mortes viendra avec un prix.

 À l’image : un prix.

À l’image : un prix.

Il s’agit de cette bonne vieille « transplantation des cellules souches » dont on a déjà tous entendu parler sans avoir bien compris en quoi ça consiste, comme les règles du hors-jeu au foot. Ses applications théoriques permettent de régénérer des cellules mortes, panacée universelle qui recadrera la gravité d’un cancer entre une névralgie intercostale et une crampe à la cuisse, mais aussi permettra d’accélérer la guérison d’un cerveau endommagé. Bien que balbutiante, cette science a déjà permis de sauver des dizaines de vies à ce jour.

Si vous perfectionniez cette technologie, vous auriez en théorie la possibilité de sauver n’importe-qui de n’importe-quoi tant que vous récupérez le cadavre à temps. Par contre, il existe aux États-Unis un laboratoire spécialisé dans ce domaine dont les chercheurs peuvent déjà nous décrire le petit bémol de cette méthode : on pourrait certes sauver un cerveau, mais pas ce qu’il y a dans le cortex qui va avec.

Or, le cortex, c’est précisément le truc qui vous rend chouette, futé et intéressant (potentiellement). Virez-le et vous n’êtes plus que du bétail certes apte à marcher, manger ou apprécier la télé-réalité, mais incapable de raisonner et totalement privé de mémoire comme de personnalité. Ce qui occasionnerait un changement de caractère conséquent chez près d’un humain sur trois.

Je préfère ne pas trop réfléchir aux considérations éthiques que cette science pourrait soulever. Tenez : si vous deviez choisir entre laisser mourir un proche ou lui sauver la vie mais pas sa conscience ni sa mémoire, que choisiriez-vous ? Je vous interdis de répondre à cette question !

C’est déjà assez difficile avec un disque dur…

C’est déjà assez difficile avec un disque dur.

Il n’empêche que son côté « mort mais pas mort mais pas non plus vraiment vivant » le rapproche de l’exemple haïtien cité plus haut, ce qui fait froid dans le dos : dans notre société parfois un poil à cran question méthodes pour faire du profit, combien de temps avant qu’on fasse travailler les morts ? Et si on y vient, combien de temps avant un nouveau « Les animaux dénaturés » ? Un seul suffisait bien assez !

 Vercors doit se retourner dans sa tombe. Lorsqu’il sera relevé et envoyé aux mines, il fera probablement partie des objecteurs de conscience.

Vercors doit se retourner dans sa tombe. Lorsqu’il sera relevé et envoyé aux mines, il fera probablement partie des objecteurs de conscience.

Dès lors, lorsque l’élite des vivants prospérera sur le travail des morts, nous n’aurons certainement pas longtemps à attendre avant la première nécro-révolution de l’Histoire.

Le Cordyceps

Il existe sur la planète une sorte de champignon parasite portant à croire qu’un jour, la merveilleuse et magnifique nature a pris un moment pour s’asseoir et réfléchir sérieusement à la méthode la plus abominable et révoltante de s’en prendre aux fourmis.

De toute manière, la merveilleuse et magnifique nature a déjà pris du plomb dans l'aile dans ce billet.

De toute manière, la merveilleuse et magnifique nature a déjà pris du plomb dans l’aile dans ce billet.

Notre méconnaissance des dangers liés aux spores et aux champignons est effrayante, si un jour il arrive une grosse tuile on l’aura bien profond. Heureusement, la réciproque semble valable et nos rares interactions tendent à finir en sauces ou en salades. Mais il existe dans le règne animal une forme de vie qui, si elle n’a pas grand-chose à nous envier, n’a pas notre chance sur ce point.

Le Cordyceps est une sorte de champignon libérant des spores, comme il est d’usage chez ces gens-là. Et comme toujours avec les spores, en inhaler une vous promet tant d’agonie et de souffrances que le fait qu’elle vous tuera doit être perçu comme son côté sympa. Le reste vous vaudra douleur, folie, perte totale de contrôle, contamination de vos proches et bien-sûr, zombie !

Imaginez une fourmi en train de soulever des trucs comme d’habitude et qui respire sans le savoir une spore. Celle-ci se niche dans son organisme, sous l’exosquelette, et commence à se nourrir de sa chair, laissant bien sûr les organes vitaux pour le dessert. Tandis qu’il grandit dans l’organisme de son hôte, le parasite dirige des excroissances vers son cerveau et finit par influer ses perceptions et ses mouvements.

La malheureuse bête va alors peu à peu perdre la raison et virer ultra agressive, jusqu’à s’en prendre à ses congénères. L’infection gagnant du terrain, la fourmi finira par chercher instinctivement un endroit bien spécifique, généralement une tige ou une feuille inclinée face au nord, avec une température oscillant entre 20 et 30 degrés ainsi qu’un taux d’humidité allant de 94 à 95%, conditions idéales pour la croissance du parasite. Une fois sur les lieux, la fourmi n’en bougera plus, mourra enfin et sa dépouille poursuivra son horrible mutation…

Horrible n’étant pas usurpé…

Horrible n’étant pas usurpé…

jusqu’à devenir cette espèce d’infâme machin hybride. À terme, le corps explosera en libérant une multitude de spores qui s’en iront faire comme maman. Ce qui explique pourquoi les fourmis infestées cherchent généralement des endroits proches des fourmilières.

Vous aurez compris que tout cela ne s’applique que si vous êtes une fourmi, ou en tous cas un insecte (ou une araignée). Ça fait des éons que ça tourne comme ça, je ne vois pas pourquoi ça devrait changer maintenant, quoi que je nous ai peut-être porté la poisse en soulevant la question.

De toute façon je ne suis pas le premier à avoir l’idée puisque le jeu vidéo « The Last of Us » table précisément sur ce point : le cordyceps s’en prend aux humains et c’est la galère. Assez étonnement, dans le jeu, ça paraît plausible.

Vous me direz que faire des efforts pour rendre crédible une histoire de zombies a de quoi faire sourire et je suis bien d’accord, mais je trouve amusant de voir que le jeu vidéo exploite mieux ce sujet que le cinéma (c’est peut-être un bon moment pour préciser que je n’aime pas des films de zombies).

Ils leur ont même piqué Ellen Page !

Ils leur ont même piqué Ellen Page !

À ce stade, s’il est une chose qu’on a comprise, c’est que tant qu’on n’est pas trop regardant sur les conditions requises, on trouve beaucoup de moyens pour devenir un zombie. Tout ce que ça demande, c’est une poignée de maux méconnus aux noms imprononçables et eux effets ignorés, que personne n’a jamais étudiés et dont les gens comme vous et moi n’ont jamais entendu parler. D’ailleurs…

La rage

La rage ? Celle qu’on connaît ? Tiens…

Non, pas tout à fait celle qu’on connaît, mais il n’y a pas grand-chose à changer : si on prend juste sa base, c’est une maladie très grave qui rend extrêmement agressif (certains diraient « enragé ») et qui se transmet par la morsure, vous voyez qu’il y a de l’idée.

Le film « 28 jours plus tard » exploite le thème en présentant une variante de la rage beaucoup plus hardcore que sa parente (mais pas mortelle, vous voyez la poisse). Les infectés deviennent über-agressifs, la contamination en cas de morsure est instantanée et ce qu’on en retient, c’est que le film est long et ennuyeux. Le fait que le premier rôle soit tenu par Cillian Murphy aurait pu altérer mon avis si je ne l’avais pas remarqué qu’au générique de fin. (Vous ais-je dit que je ne suis pas physionomiste ?)

En gros, ce que le film présente, c’est des zombies qui courent. La révolution est en marche.

En gros, ce que le film présente, c’est des zombies qui courent. La révolution est en marche.

Mais l’idée est intéressante (la rage, pas les zombies qui courent) : ce mal est un terrible fléau qui tue encore des dizaines de milliers de personnes chaque année ; même vous, cher et pimpant lecteur, avec votre constitution de fer, votre œil alerte, votre mine réjouie et votre crin lustré, si vous deviez attraper la rage, votre mort serait pratiquement inéluctable dès les premiers symptômes. Donc si elle arrête de tuer mais se concentre sur les crises de démence qu’elle peut provoquer, elle aura fait une bonne partie du chemin !

Et comme c’est une maladie qui s’adapte et qui évolue très vite, elle finira bien par y arriver ; finalement, l’attaque de zombies enragés n’est pas tant une question de comment que de quand.

Nanobots

Dans une société qui sut dompter la science à un point tel que la domination des humains par les machines paraît de plus en plus proche, quel meilleur exemple pour clore cet article que le zombie-cyborg ?

La nanotechnologie est la plus prometteuse et la plus fantastique des technologies qui mèneront l’humanité à une fin atroce ; alors que l’on développe des robots de plus en plus petits, que ce soit pour remplacer les abeilles ou simplement pour voir comment ils s’y prendront pour nous asservir, nous ne pouvons que rester pantois devant les progrès incroyables réalisés dans la miniaturisation.

 On pourrait dire à l’industrie agro-alimentaire d’arrêter de compromettre toute vie sur Terre, mais non : il y a trop d’argent en jeu. Il est beaucoup plus réaliste de remplacer tout ce qu’elle tue par des robots.

On pourrait dire à l’industrie agro-alimentaire d’arrêter de compromettre toute vie sur Terre, mais non : il y a trop d’argent en jeu. Il est beaucoup plus réaliste de remplacer tout ce qu’elle tue par des robots.

Un nanobot, actuellement à l’état de technologie émergente, est une forme de « robot » de la taille d’une cellule à qui l’on peut octroyer diverses fonctions pour ensuite l’injecter dans un corps. C’est comme si vous aviez un tout petit Robocop ou un nanoterminator quelque part en vous, en train de tabasser des cellules cancéreuses, fermer sa gueule à une maladie, raccorder vos neurones ou ce que vous voulez, difficile de ne pas voir l’avantage.

Or, des chercheurs ont dernièrement créé le premier nanocyborg en fusionnant une puce de silicone avec un virus ; ne me demandez pas comment ils s’y sont pris, mais ils firent à cette occasion une découverte qui lève un peu plus le voile sur notre fin proche : le minirobot pouvait toujours employer le corps de son hôte jusqu’à un mois après sa mort. Vous voyez où on se dirige ?

Miniskynet !

Miniskynet !

Aussi, ces trucs seront si difficiles à créer (il faut des bons yeux et des doigts fins) que la meilleure façon d’en produire en nombre serait, apparemment, de les laisser se démerder avec ça. Donc en gros, on leur donne un moyen de se reproduire et roulez jeunesse.

Je résume : nous construisons ces choses, leur donnons un pouvoir immense sur nos corps, leur offrons un moyen de reproduction et, par là-même, un instinct de survie, puis nous nous les injectons. Dès lors ils bossent, tout va bien, puis on claque. Eux, ils continuent à occuper notre dépouille et prennent le contrôle des muscles, mais leur temps est compté. Ils le savent. Puisqu’on leur a appris à survivre, ils cherchent logiquement un moyen de prolonger leur existence ; solution évidente : passer dans un hôte plus frais. Pourquoi pas par le biais d’une morsure ?

Donc voilà. Désolé, mais l’apocalypse zombies, on va bel et bien se la prendre sur le museau, la question est juste de savoir quand et comment. Avant peu, amis, nous ferons connaissance vous et moi, dans le sous-sol d’un supermarché. Il y aura tout le monde, de l’ex-flic qui essaie de gérer à l’ado qui fait tout de travers en passant par la jolie fille et son copain qui lui parle mal, et bien sûr tous les autres qui se crêpent le chignon.

On fait quoi alors ? Oh mais rien, rien du tout : ça sera réglé avant la fin de l’après-midi et nous verrons pourquoi la semaine prochaine. Mais à la question séculaire « qu’emporteriez-vous avec vous en cas d’apocalypse zombies ? », je peux déjà répondre : un jeu de cartes.

Psycho Cosmo

Publié: 8 septembre 2014 dans Sciences sociales

Dans la liste des choses que je n’aime pas, la presse « féminine » m’inspire une telle aversion qu’elle figure sans le moindre doute dans les trente premières pages.

Il s’agit d’un type de journalisme que je ne lis jamais, que je ne connais pas et que je hais quand même, quoi de plus logique comme prochaine étape que de donner mon avis ?

Enfin, c’est plutôt l’avis de Cracked, qui a établi une liste de conseils estampillés « Cosmopolitan », lesquels feront de vos relations affectives un enfer kafkaïen tiraillé entre la suspicion psychotique et l’absence totale de confiance en vous, vous promettant une vie amoureuse oscillant entre un Verdun affectif et une Bérézina sexuelle.

Et même si je ne doute pas qu’il n’existe pratiquement personne au monde qui suivrait ces conseils à la lettre, on va tout de même s’arrêter sur le sujet deux minutes.

Nous devons admettre que la tâche de cette presse est ardue, puisqu’elle essaie de démêler l’infiniment complexe écheveau de pensées subtiles et ambiguës à bien des niveaux qu’est l’esprit masculin ; en outre, peut-être était-ce une erreur de confier ces articles à, manifestement, des femmes qui ont été plus annihilées par leurs relations amoureuses que Varsovie par la Luftwaffe. Le résultat aurait tout pour condamner l’espèce humaine à l’anéantissement par l’abstinence si les lectrices de Cosmo étaient ne serait-ce qu’à moitié aussi stupides que ces articles semblent le supposer.

Parce que selon eux…

S’il vous donne des détails de sa journée, c’est qu’il cache quelque chose.

Il est certain que pour beaucoup, une relation saine trouve l’un de ses fondements dans l’intérêt pour les détails anodins du quotidien de l’être aimé. C’est certainement un point de vue valable, alors pourquoi ne pas s’ouvrir ? Pourquoi n’évoquerais-je pas ces petits riens qui ont fait ma journée ?

Parce que je ne suis pas un salopard de gros porc infidèle, voilà pourquoi !

Car oui, pour Cosmo, si vous prenez la décision, messieurs, de parler davantage de votre journée avec votre chère et tendre, c’est probablement parce que vous avez quelque chose sur la conscience.

Ou sur les genoux.

Ou sur les genoux.

« S’il vous raconte une histoire comprenant beaucoup de détails bénins, c’est un signe. (…) C’est spécialement vrai si vous détectez beaucoup de pauses, ce qui signifie qu’il réfléchit à ajouter d’autres faits inventés. »

Donc les gars, si votre métier vous rend malheureux ou vos collègues vous rendent misérables, n’allez surtout pas croire qu’en parler à la femme que vous aimez est une option, ou que ses bras sont, à défaut d’une solution, un refuge temporaire. Non, auprès de votre amour, il est beaucoup plus sain d’enfermer tous vos problèmes dans une petite boîte que vous cacherez tout au fond de votre esprit, pour ne plus jamais en parler. Jamais.

Et si l’idée de vous emmurer dans le silence pour favoriser votre vie amoureuse vous semble un peu contradictoire, vous serez sans doute tenté de boire un coup pour faire passer la pilule, pas vrai ? Erreur.

S’il a la bouche sèche, c’est qu’il vous ment.

Ou qu’il a fumé un joint pour oublier qu’il vit avec une hystérique, mais ne changeons pas de sujet ; le truc de la bouche sèche, c’est pas du flan : c’est Janine Driver, présidente de l’institut du langage corporel et auteur de « Vous dites plus que vous ne le pensez », qui l’affirme.

Quand vous vous sentez menacé par le titre d’un livre sur les rapports humains, c’est que vous êtes tombé sur le Nécronomicon des relations amoureuses.

Quand vous vous sentez menacé par le titre d’un livre sur les rapports humains, c’est que vous êtes tombé sur le Nécronomicon des relations amoureuses.

« Vous cacher quelque chose le rend nerveux et son corps s’en ressent. (…) Lorsqu’un secret est assez important pour qu’il sache qu’il perdra quelque chose de précieux s’il vient à être connu, les recherches indiquent que son œsophage se contracte, rendant sa gorge sèche. (…) Donc s’il commence à avaler souvent pendant une conversation, c’est parce qu’il cherche à détendre ce muscle. »

Donc messieurs, vous avez bien compris le message : n’avalez pas. Quoi ? Qu’est-ce que j’ai dit ?

Comme vous le voyez, des détails plutôt absurdes peuvent mettre votre relation en danger, alors n’hésitez surtout pas à montrer votre attachement à votre âme-sœur par tous les moyens possibles, sauf bien sûr en papotant, comme on l’a vu plus haut. Ça devient compliqué mais il reste toujours les classiques : dites-lui qu’elle est belle, messieurs, dites-lui qu’elle est intelligente, unique et drôle ! Et bien sûr, désirez-la, aimez-la ! Aimez-la dans la joie ou la détresse, aimez-la pour son cœur et pour son corps, et bien sûr, aimez-la dans son lit !

C’est ce que vous faites ? Oh le CON ! Vous êtes tombé dans le piège pauvre vieux, et vous voilà célibataire ! Parce que…

S’il veut coucher plus souvent, c’est qu’il est infidèle.

Une femme qu’on aime vraiment est à nos yeux chaque jour un peu plus belle qu’elle ne l’était la veille et, si les sentiments sont réciproques, elle cherchera d’elle-même à nous plaire encore plus, car seules les femmes savent accomplir l’impossible. Dès lors, chaque souffle, chaque mot, chaque regard, chaque grain de sa peau est une raison irréfutable de vouloir l’aimer, ici et maintenant.

Allez hop !

Allez hop !

Dommage qu’on ne puisse pas. Car désirer une femme est un signe qu’on la trompe, selon certaines rédactrices de Cosmo qui ont sans doute beaucoup souffert.

« Bien sûr, c’est peut-être vous qui êtes spécialement désirable ou lui qui traverse une passe lubrique, mais un soudain pic dans son appétit sexuel peut aussi signifier qu’il se passe quelque chose de douteux. Un homme cachant un fait ne voudra pas se connecter émotionnellement au moyen du dialogue parce qu’il a peur de se compromettre (ou parce qu’il a lu l’autre article où on lui disait de la boucler). Mais comme il vous aime, il voudra combler ce vide par le biais de rapports sexuels », nous révèle une psychologue américaine.

Soyons honnêtes : la madame souligne qu’il existe d’autres raisons possibles à un soudain afflux de désir, mais non sans s’attacher essentiellement aux questions négatives que cela soulève. Et dites-moi si j’ai tort, mais si votre partenaire a soudainement plus souvent envie de grimper aux rideaux, il y a beaucoup plus de chances pour que ça soit une bonne nouvelle plutôt qu’une mauvaise non ?

Au fond, une chose primordiale dans une relation est la réciprocité. Si vous exigez de votre femme qu’elle aille s’emmerder au fitness pour qu’elle soit toute belle tout en vous envoyant bières et hot-dogs devant la télé, c’est que vous allez au-devant de complications. Les raisonnements « deux poids deux mesures » sont injustes et débouchent toujours sur des situations conflictuelles.

Tandis que si vous entreprenez les mêmes efforts qu’elle, vous enverrez un message nettement plus positif à votre moitié, sauf bien-sûr si elle lit Cosmo :

S’il commence à s’entretenir, c’est pour une autre

« C’est absolument évident, mais c’est un signe que manquent beaucoup de femmes. Si votre homme commence à s’entretenir sans que vous ne le lui ayez demandé, c’est qu’il passe certainement plus de temps nu que vous ne le pensez. Vous pouvez remercier le porno pour cela, car les hommes en consomment tellement qu’ils commencent à s’habituer à de nouveaux critères physiques. S’il a une autre femme dans sa vie, il cherchera inconsciemment à imiter les hommes qu’il voit à l’écran. »

Seigneur Dieu tout puissant, mais quel genre d’hommes ces pauvres femmes ont-elles fréquenté ?

Sérieusement les mecs, il va falloir vous expliquer ! Si votre femme est du genre à vous chier une pendule parce que vous vous êtes remis à l’exercice, vous pouvez toujours rêver pour qu’elle croie que vous le faites pour elle. Or, si ce n’est pas pour elle, c’est pour vous, et si c’est pour vous ça veut dire que c’est pour une autre femme. Pourquoi sinon prendriez-vous de telles résolutions ? Santé ? Considération esthétique ? Ambition ? Volonté de plaire à votre femme ? Ouais c’est ça…

Tu ne dupes personne, immonde masse de détestable infidélité crasse !

Tu ne dupes personne, immonde masse fétide de détestable infidélité crasse !

Ce dernier point est assez extrême vous me direz, alors enchaînons avec le prochain, que l’on doit à la même personne, qui plus est psychologue :

S’il ne vous donne pas un accès complet à toute son électronique, c’est qu’il est infidèle.

Alors qu’on ne sait plus trop si on lit un article ou des propositions de chantage, un point sensible est soulevé en la question des mots de passe. Et lorsque je dis sensible, je ne veux pas dire que c’est une question ambiguë : si vous exigez sans raison valable un accès complet aux comptes mails et consorts de votre partenaire, pour moi vous êtes cintré, point. Seulement, si on m’en faisait la demande un jour, je considérerais clairement être dans une situation sensible.

« La plupart du temps, les rencarts secrets sont décelés par le biais d’e-mails, de sms ou de factures de téléphone. Donc s’il a été infidèle, il gardera précieusement ses gadgets ou se comportera de façon défensive lorsque vous toucherez innocemment (sic) son téléphone ou son ordinateur. Cela devrait être un drapeau rouge géant s’il devient plus récalcitrant qu’avant à vous donner ses mots de passe. »

Ok, ça pourrait être un indice.

Ok, ça pourrait être un indice.

Oui mais non attends, si vous faites la gueule à votre mec parce qu’il fait du sport, qu’il veut faire l’amour ou vous parler de sa journée, moi ça ne me surprend pas qu’il cherche à vous tenir à l’écart de sa vie électronique, c’est sûrement par ce biais qu’il demande à ses amis des conseils sur l’aride planète Venus qu’il appelait un temps sa « vie amoureuse » !

Donc les mecs, si vous estimez qu’il n’y a pas vraiment de raison pour que votre dangereusement imprévisible amie ait accès à vos mails professionnels ou que sais-je, laissez tomber : Cosmo n’est pas d’accord. Donnez-lui le foutu mot de passe, sinon vous n’en entendrez pas la fin. Au point où on en est, qu’est-ce que ça change ? De toute façon on a compris que ce n’est pas avec celle-là que vous serez heureux, elle lit trop Cosmo. D’ailleurs…

S’il est heureux, il vous trompe

Je pense que cette phrase est la chose la plus triste que j’aie lu cette année.

À l’instar des deux points ci-dessus, ce conseil nous vient de cette même psy new-yorkaise. Cette fois-ci, elle s’arrête assez logiquement sur le fait qu’avec tout ce qu’elle impose à son mec, ce n’est carrément pas normal s’il n’est pas profondément malheureux et elle marque un point.

« S’il était crispé auparavant, une combinaison de sexe et d’attention supplémentaires pourrait le rendre plus relax, voire même étourdi. Si votre homme devient soudainement guilleret ou s’il sifflote joyeusement, il vous appartient de découvrir pourquoi ».

Alors mec ? On l’a toujours bonne maintenant ? Non ? Bien ! C’est ça l’amour !

C’est dur quand même, mais on se consolera en se disant que si difficiles soient-elles, ces concessions dépendent de nous ; on accepte ou non d’y consentir, c’est notre décision. Notre couple est entre nos mains.

Haha ! Je déconne !

Si ses amis ne vous parlent pas, c’est qu’il ne vous aime pas.

Merde les gars ! Je savais que mes déboires étaient de votre faute, alors maintenant vous arrêtez de faire vos timorés et vous allez faire des ronds de jambe, même si elle vous fait peur ! Hop !

J'ai dit hop !

J’ai dit hop !

« Même si un copain qui joue le jeu peut se montrer amical, il pourrait ne pas aborder de sujets importants comme vos intérêts ou votre travail. La hideuse vérité : il ne veut pas investir du temps et de l’énergie pour vous connaître car il sait que vous ne resterez pas longtemps. »

Je n’ai jamais tellement été fan de l’espèce de concept « femme contre potes », mais ça n’est pas une surprise de voir que Cosmo l’a cousu en lettres d’or sur ses bannières ; leurs rédactrices vivent dans une jungle sentimentale tellement impitoyable et usante qu’on y trouve des gens qui n’ont tout simplement plus la force de s’intéresser à un être humain.

Je vous propose de prendre une minute pour réfléchir à tout ce que ce raisonnement implique. À quel point le calcul et la duplicité doivent-ils être prépondérants dans la vie d’un homme pour que ses interactions sociales gravitent autour de telles considérations ? Avez-vous déjà limité volontairement votre engagement dans une discussion bénigne dans un but d’économie d’énergie en rapport à votre perception de la salubrité du couple de votre interlocuteur ?

Donc voilà. Si on résume, pour qu’une relation marche, il ne faut pas trop parler des détails, ne pas avoir la bouche sèche, ne pas vouloir trop de rapports sexuels, ne pas faire de sport, lui donner vos mots de passe, être malheureux et avoir des copains passionnants.

— Transition über classe —

Dites les gens, ça bouge pas mal dans ma vie palpitante ces temps-ci et je vais avoir moins de temps à consacrer à ce blog. Je ne suis pas sûr qu’il y aura un gros impact mais si parfois les billets sont un peu plus simples ou plus courts, celui d’aujourd’hui en étant un assez bon exemple, ou si je zappe une semaine, ça n’est pas la peine de m’envoyer une ambulance. Je vais bien. La patate. Mais mes articles ayant tendance à être longs, il n’est pas impossible que je doive revoir le format un jour futur.

Oh eh ! Ils ne sont pas si longs !

Oh eh ! Ils ne sont pas si longs !

Vous savez, il est temps de faire quelque chose pour l’Histoire – on ne parle pas assez d’histoire sur ce blog. Nous sommes tous grandement influencés par notre cinéma comme nos légendes urbaines et il est très vite arrivé de substituer involontairement un mythe à la réalité.

À l’image : costume traditionnel grec

À l’image : costume traditionnel grec

Par exemple : que pensez-vous de la cavalerie polonaise ?

C’est bien ce qu’il me semblait ; cessez donc de sourire, ignares, à aucun moment ces braves combattants n’ont chargé connement les divisions blindées allemandes sans autre plan que taper sur les coques avec leurs lances, ils étaient certes suffisamment courageux pour entreprendre une lutte complètement inégale, d’ailleurs ils l’ont fait, mais ils n’étaient pas pour autant stupides. Les Polonais se sont bien battus, ont infligé des pertes conséquentes à la Wehrmacht et s’ils se sont faits écraser, c’est parce qu’ils se sont pris à la fois les armées russes et allemandes et que leurs généraux accusaient un retard dément en stratégie moderne, commettant des erreurs que Napoléon exploitait déjà presque un siècle et demi plus tôt.

Aussi, nous allons aujourd’hui évoquer trois conflits aux issues méconnues ou mal interprétées, en commençant par rendre justice à la Pologne.

Sans les Polonais, nous parlerions turc.

Du treizième au vingtième siècle, l’Empire Ottoman était l’une des toutes grandes puissances du monde, occupant de nombreuses provinces en Europe, en Asie et en Afrique. Durant la seconde moitié du dix-septième siècle, nos bons Turcs bottaient des culs de-ci de-là notamment dans les Balkans et, incidemment, leur plus grande armée se trouva atteindre les portes de Vienne. À sa tête, le Grand Vizir Kara Mustafa, paraît-il plus motivé à accroître sa propre fortune qu’à contribuer à la gloire immortelle du sultan Mehmed IV.

Ne dites pas à Mehmed IV qu’il est un calife fiable, car c’est un sultan.

Ne dites pas à Mehmed IV qu’il est un calife fiable, car c’est un sultan.

Une armée du Saint Empire Romain tenta bien de leur barrer la route avant qu’elles n’atteignent la capitale, mais en fut quitte pour une peignée majeure que l’on aurait nommée « la Valse de Vienne » si l’on avait déjà inventé l’humour à cette époque.

Sitôt en position de siège, les Ottomans commencent à bombarder les défenses de Vienne et à creuser des galeries sous ses murs, désireux de faire tomber la capitale au plus vite. Effectivement cela ne devait pas prendre très longtemps, les Turcs étaient, selon les sources, entre deux et trois cent mille hommes bien rôdés tandis que les défenseurs de la cité se chiffraient à quelque vingt mille têtes.

Pendant ce temps, le Roi de Pologne et grand duc de Lituanie Jan Sobieski reçoit une lettre du pape Innocent XI le suppliant de porter secours aux défenseurs de Vienne, dont la chute précéderait sans aucun doute celle de nombreuses autres cités occidentales. Pourquoi lui ? Parce que le bonhomme était un vrai, dur, pur Badass dont le sens de l’honneur et du devoir n’avait d’égal que le courage et la moustache.

Sa devise : « La Pologne en Rogne »

Sa devise : « La Pologne en Rogne »

Au cours des trente dernières années, Jan Sobieski s’était illustré à plusieurs reprises à la tête de ses redoutables hussards, notamment en 1651 face aux cosaques d’Ukraine, en 64 aux portes de Varsovie face aux Suédois, en 67 face aux Tartares ou encore à quelques occasions face aux Ottomans, lesquels le surnommèrent « le Lion Invaincu du Nord ».

Pendant qu’il taille de la route, l’assaut sur Vienne débute, mené par des Turcs qui connaissaient la musique ; la capitale est écrasée par l’artillerie, la fatigue, la famine et la maladie. Les défenseurs, disons-le, sont des plus valeureux. Ils tiennent un mois tant bien que mal mais le 2 septembre 1683, le coup final est porté aux défenses lors d’un assaut des Turcs. Une part importante des murs tombe entre leurs mains, Kara Mustafa peut lancer l’assaut final quand bon lui semble.

Sa Wiener Schnitzel n’avait jamais été si proche.

Sa Wiener Schnitzel n’avait jamais été si proche.

Or, ce dernier n’en a pas l’intention. Il souhaite éviter de soumettre la ville au pillage parce qu’il est gentil n’a pas envie de partager ses richesses avec ses hommes ; si la cité se rend elle échappera à la mise à sac et Vienne toute entière, avec ses cafés, son opéra national et sa cathédrale St-Étienne, tombera dans son escarcelle. Il fait parvenir ses conditions aux défenseurs, qui en retour lui disent poliment d’aller se faire foutre.

Kara n’y va pas, mais ne lance pas l’assaut pour autant. Il laisse passer un peu de temps, fait durer le plaisir, maintient le siège ; il sait que la famine aura raison des dernières velléités défensives, il tient son os.

Toutefois la reddition n’est pas la seule à approcher. Le 12 septembre, les Ottomans prennent conscience qu’une force se déploie sur leur flanc ; Jan Sobieski arrivait, son armée était passée de vingt à septante-six mille hommes durant le trajet. En première ligne, les fameux hussards polonais, cavaliers ailés surarmés (lances, pistolets, dagues et deux épées chacun, je ne sais pas pourquoi il leur en fallait deux mais je suis à fond avec eux) dont je vous parlerais bien en détail si je ne gardais pas le sujet sous le coude pour un éventuel article futur : ces types-là étaient des terreurs qui avaient fait rentrer les victoires écrasantes en infériorité numérique dans une sorte de normalité assez banale, un peu comme Nadal avec Roland Garros.

Il y a bien un Turc qui a dit au Vizir « le hussard est sur toi », mais il n’avait pas ri.

Il y a bien un Turc qui a dit au Vizir « le hussard est sur toi », mais il n’avait pas ri.

Le Grand Vizir, prenant conscience du danger, sépare ses troupes : la moitié maintient la pression sur la ville, l’autre moitié va se faire dérouiller par les Polonais.

J’exagère bien sûr ; les Ottomans restaient largement supérieurs en nombre, et on parlait d’une armée de solides vétérans valeureux et bien entraînés, habitués à faire chuter des villes et des royaumes avant la pause-café. Ils se mirent en position et Sobieski, depuis une position en hauteur, chargea à fond à la tête d’une des plus grandes cavaleries lourdes qui ait traversé l’Histoire.

Et des rangs d'Ottomans.

Et des rangs d’Ottomans.

Les Turcs encaissèrent un choc titanesque mais tinrent bon ; la bataille fit rage durant des heures entre deux des plus performantes armées que l’Europe ait connues jusqu’à ce qu’une ultime charge de flanc ne poussât les Ottomans à rompre leur formation. L’armée se retira dans l’est et Jan Sobieski entra dans Vienne en sauveur de la ville, et probablement du Christianisme et de l’Europe. La Pologne en profita pour signer avec ses alliés, notamment l’Allemagne et la Russie, des promesses de paix éternelle.

Ça a totalement fonctionné.

Ça a totalement fonctionné.

Quant à Kara Mustafa, il parvint à s’enfuir en sauvant in extremis la grande bannière du sultan, dont la légende rapporte qu’elle avait été brandie par Mahomet, ce qui ne l’empêcha pas de finir décapité.

On ne sait pas qui a gagné la bataille de Qadesh

Étant donné que vous ignorez probablement ce qu’est la bataille de Qadesh, vous vous foutez pas mal de savoir qui l’a gagnée, je vous l’accorde. Pour résumer, disons juste qu’elle est reconnue comme étant la toute première guerre de l’histoire dont on ait gardé des traces écrites, des descriptions et des gravures. Vous saisissez l’ironie ?

Si je vous parle de Waterloo, de Morgarten, de Marignan, de Verdun ou de Saint-Paul, il est possible que vous ne sachiez pas grand-chose sur ces conflits mais qu’à tout prendre, vous connaissiez au moins le vainqueur. Et si vous connaissez un peu l’Histoire, vous vous dites en ce moment-même « Saint-Paul ? Il n’y a jamais eu une « bataille de St-Paul ! » » et vous avez raison. Mais ce que je veux dire, c’est que lorsqu’il y a un conflit important, l’histoire se souvient généralement de ceux qui en ont retiré gloire et profits.

 Par exemple pour la guerre de Troie, c’était Wolfgang Petersen.

Par exemple pour la guerre de Troie, c’était Wolfgang Petersen.

La bataille de Qadesh s’est (probablement) déroulée en 1274 avant JC et a opposé l’Égypte du jeune pharaon Ramsès II au Hatti (en Anatolie) de Muwatalli II. Les écrits relatent que les Hittites, beaucoup plus nombreux, parvinrent par la fourberie à séparer les régiments égyptiens les uns des autres pour les fumer un à un façon « serment des Horaces ». Ils avaient tout pour bien faire – et ils firent bien – mais ils se cassèrent tout de même les dents sur Ramsès II qui, aidé par le dieu Amon, mit en déroute des régiments entiers à lui tout seul avant que ses renforts n’arrivent.

Comme vous le voyez, dans la fureur des combats, certains soldats furent projetés sur des murs avec une force incroyable.

Comme vous le voyez, dans la fureur des combats, certains soldats furent projetés sur des murs par une force incroyable.

À terme, la bataille s’acheva par une victoire totale et incontestable des Égyptiens, qui perdirent une part importante des provinces de l’actuelle Syrie.

Ça paraît bizarre ? Mais vous ais-je dit que la bataille de Qadesh n’est pas seulement reconnue comme la plus ancienne baston dont on ait des traces écrites, mais aussi et surtout comme présentant la plus ancienne forme de propagande de l’histoire ? Tous ces récits concernant cette bataille, papyrus, gravures ou autres, sont égyptiens, ce qui porte à croire que le jeune Ramsès II rentra précipitamment chez lui après une rouste légendaire pour publier immédiatement un statut revendiquant la victoire sur son mur. Littéralement.

Ah voilà ! On ne manquait certainement pas de prétention quand on représentait son anatomie, pas vrai Ramsès ?

Ah voilà ! On ne manquait certainement pas de prétention quand on représentait son anatomie, pas vrai Ramsès ?

Alors qu’est-ce qui s’est passé ? Si l’Égypte avait réellement mis la pâtée aux Hittites, elle n’aurait jamais abandonné la Syrie à l’adversaire ; toutefois, une défaite pure et dure n’aurait pas été exploitée à des fins de propagande, alors quoi ? Selon les historiens, il est probable que l’armée de Ramsès ait bien été vaincue, mais, d’une façon ou d’une autre, Ramsès II aurait tout de même accompli quelque chose de conséquent au cours de la bataille, privant peut-être les Hittites d’une victoire plus nette. Ce qui est sûr, c’est que Ramsès est rentré couvert de gloire et Muwatalli couvert de nouvelles provinces toutes fraîches. Tout le monde est content.

Du reste, une correspondance fournie atteste que sitôt la paix signée entre l’Égypte et le Hatti, les deux monarques (re)devinrent amis.

Hey, tu te rappelles quand on a pris vos chars dans la gueule sous la colline ? Ha, le bon vieux temps !

« Hey, tu te rappelles quand on a pris vos chars dans la gueule sous la colline ? Ha, le bon vieux temps ! »

Sans l’entrée en guerre des Ricains en 41, on ne parlerait pas allemand. On parlerait russe.

J’aimerais annoncer ça d’un ton détaché, comme ça si vous doutez de l’affirmation je pourrais lever les yeux au ciel en feignant la consternation, mais je dois bien avouer que je n’y croyais moi-même absolument pas lorsque j’ai lu la chose il y a quelques temps. À tel point que j’avais contacté l’auteur de l’article en question (pas celui en lien ci-dessus), un écrivain américain bien sympathique, pour lui demander des précisions. Et bien je les ai obtenues, en puissance, avec des tonnes de liens, d’exemples et même une carte de Smolensk en 1940. J’adore ce gars !

Une chose qu’on nous a apprise – et qui est tout à fait vraie – est que la Wehrmacht a progressé pied au plancher à travers la Russie, accumulant les victoires indiscutables avant d’être freinée par l’automne puis stoppée par l’hiver aux portes de Moscou, et enfin brisée et repoussée à Stalingrad.

Le truc, c’est qu’on en a déduit que la Russie était au bord du gouffre et qu’il avait manqué à la Wehrmacht un tout petit rien pour planter son joli drapeau au sommet du Kremlin, que Moscou devait sa survie à une sorte de Deus Ex Machina à grande échelle, et à l’hivers.

Mais dans les faits, la Wehrmacht était loin, très loin de faire tomber la Russie. Le vrai miracle, c’est qu’elle ait pu progresser si vite dans le pays et le seul responsable est Staline, lequel, entre ses purges et sa nullité générale, a fait tout ce qui était en son pouvoir pour faciliter l’avancée de l’ennemi.

Ce que j’essaie de dire, c’est que les Allemands ont bénéficié de conditions plus que parfaites, on aurait presque pu dire qu’ils avaient le bon dieu de leur côté s’il n’était pas si évident que c’était plutôt les Russes qui avaient des emmerdes avec le diable.

Non, « fusillez nos hommes et déportez leurs familles » n’est pas la solution universelle à tous les problèmes du monde (y-compris et surtout une invasion nazie).

Non, « fusillez nos hommes et déportez leurs familles » n’est pas la solution universelle à tous les problèmes du monde (y-compris et surtout une invasion nazie).

L’Allemagne ne pouvait pas demander de meilleures conditions sans que ça implique des rais de lumière divine et des chants de chérubins, lorsqu’on dit qu’elle n’était pas loin de gagner quelque part c’est vrai, mais il lui aurait fallu encore beaucoup plus de chance, ce qui, niveau probabilités, équivaudrait à décrocher trois fois de suite la timbale au loto, puis faire sauter deux fois la banque au casino du coin, puis à être frappé par la foudre. Concrètement, même avec des « si » la Wehrmacht aurait eu beaucoup à faire pour arracher la victoire.

Par exemple si Mussolini n’avait pas fait son Mussolini, les Allemands auraient certes pu attaquer plus vite avec plus d’hommes, mais ne l’auraient pas fait car la météo printanière leur aurait valu d’être coincés par la boue entre Varsovie et Smolensk plutôt qu’entre Smolensk et Moscou ; si les Allemands étaient arrivés plus tôt sur la capitale et avaient eu le temps de lancer l’assaut, ils auraient tout de même porté des uniformes d’été pendant le terrible hiver qui a suivi et mené bataille au cœur d’une Moscou huit fois plus grande que Stalingrad, et dont le tracé de la Volga en faisait un cauchemar pour les assaillants.

Aussi, les Allemands n’avaient pas réalisé que les Russes n’avaient rien à voir avec les Polonais ou les Français, ils étaient menés par un type encore plus cintré qu’Hitler et rapidement, la reddition ne fut plus envisageable. Lorsqu’ils attaquèrent Smolensk le 10 juillet 41, il leur fallut deux mois jour pour jour, avec des armées au top et des conditions idéales, pour prendre ce bled, tant les défenses étaient à cran. Ça donnait bien une idée de ce qui allait se passer plus tard à Stalingrad, où les conditions seraient drastiquement différentes.

De même, contrairement à une idée répandue, à aucun moment les Allemands étaient sur le point de prendre Stalingrad. Pendant que les combats faisaient rage, les renforts russes s’amassaient à l’est de la Volga et des soldats étaient acheminés au compte-gouttes sur la rive ouest pour faire croire à la Wehrmacht que la victoire était à portée de main. Mais la machine russe s’était activée et ses armées grandissaient d’heure en heure partout dans le pays.

Et oui, le type qui a dit « sacrifions d’innombrables soldats pour piéger les Allemands » allait par la suite devenir président.

Et oui, le type qui a dit « sacrifions d’innombrables soldats pour piéger les Allemands » allait par la suite devenir président.

Lorsque les Russes furent prêts, ce fut plus d’un million d’hommes parfaitement entraînes et équipés, soutenus par énormément de blindés, qui encerclèrent les deux cent mille Allemands du général Paulus. Et comme le vieux Adolphe lui avait refusé le droit de se retirer avec ses troupes, ses carottes étaient cuites.

Ce qui met en exergue l’ultime et principal problème des Allemands, à savoir Hitler lui-même, qui avait les meilleurs généraux du monde à sa disposition mais qui passait son temps à leur dire quoi faire. Un peu comme Abramovitch avec Chelsea, mais la comparaison s’arrête là.