Archives de juillet, 2018

Prenons quelques secondes et examinons une poignée de tendances actuelles : il existe un débat houleux concernant la Terre, la question étant de savoir si elle est ronde ou plate ; des gens prétendent qu’un groupe de Juifs contrôle les médias, voire le monde, et appellent à la violence pour lutter contre eux ; une guerre politico-religieuse se déroule en ce moment même, avec en ligne de mire le contrôle de Jérusalem.

Si nos sociétés ont indéniablement progressé, on doit quand même admettre que sur certains points, elles donnent l’impression d’avoir fait un sacré bond en arrière.

International

Bonne idée d’avoir amené un chêne pour la visite d’Emmanuel Macron à Washington : planter un arbre est probablement ce qu’il y a de mieux à faire si on souhaite s’assurer que quelque chose grandisse d’une rencontre entre Donald Trump et Emmanuel Macron.

« Un geste symbolique pour le climat » nous explique-t-on à l’Élysée, et en effet, avec deux glands sous un chêne, le symbole est bien là. Bon résultat pour une rencontre entre deux grandes puissances menées par des dirigeants se définissant comme des « francs-tireurs anti système » : ils ont planté un arbre dis donc !

Le système n’a qu’à bien se tenir.

Du reste, on sait dans quel secteur Donald Trump a fait fortune, mais faut-il pour autant que sa femme chausse des immeubles ?

Je n’ai jamais tellement compris l’engouement de certains mecs pour les talons hauts, tout ce que je vois c’est une femme perchée sur l’équivalent orthopédique des Deux Tours, et j’ai beau ne rien avoir contre Melania, le sale gosse en moi n’attend que de la voir se prendre une gamelle devant toutes les caméras du monde.

Maintenant qu’on connaît le menu servi aux leaders des deux Corées à l’occasion des pourparlers de paix, et que parmi ces bons petits plats figurent, je cite, « des fruits de mer, de la viande et du riz des villes natales de Moon Jae-in », on aimerait encore juste connaître un dernier détail : il en a beaucoup, des villes natales, Moon Jae-in ?

Typiquement le genre de délicatesses qu’on sert plusieurs fois par année au président Sud-Coréen à l’occasion de ses anniversaires.

Je sais qu’il est un peu tard pour soulever ce point, mais maintenant qu’on a pu voir qu’Israël est un pays d’extrême-droite spécialisé dans la guerre éclair, qui aime scinder les pays en deux et dont le gouvernement méprise les droits d’ethnies différentes vivant parmi son peuple, est-ce qu’on n’aurait pas eu meilleur temps de lui donner directement l’Allemagne après la seconde guerre mondiale ?

National

Bernard Nicod est probablement l’une des personnalités les moins aimées de Suisse-Romande, accumulant les tares de divers entrepreneurs de sinistre renommée sans en avoir les qualités. C’est Christian Constantin sans son côté marrant, Bernard Madoff sans son côté en prison et Charles Ponzi sans son côté mort.

Néanmoins, après la lettre adressée par sa régie immobilière à certains locataires de Vevey, le célèbre promoteur doit admettre qu’il fait au moins un peu exprès. Parce que menacer des parents de les faire casquer pour une entreprise de nettoyage s’ils n’interdisent pas à leurs gosses de faire des dessins à la craie devant leur immeuble, c’est sec !

Allons Bernard, ce sont des dessins d’enfants, faites au moins semblant d’être attendri ! Est-ce que vous menaciez votre femme de faire remplacer le frigo à ses frais quand elle y affichait les dessins des petits ?

Lorsque Serge Métrailler, président du PDC du Valais, argumente en faveur des Jeux Olympiques à Sion en disant, je cite, « n’oublions pas que les principaux bénéficiaires réinvestiront d’une manière ou d’une autre dans l’économie valaisanne, sans oublier toutes les opportunités professionnelles nouvelles pour les jeunes », il faut lui faire remarquer qu’il a oublié les opportunités professionnelles nouvelles pour les jeunes. Dans le sens où on aurait bien aimé savoir ce qu’il entend par là.

De même, qu’est-ce qu’il veut dire par « économie valaisanne » ?

On tient le tiercé habituel des débats politiques : du boulot pour les jeunes, de l’argent injecté dans l’économie et le mot « opportunité » placé quelque part. Sur le papier ça sonne bien, surtout quand il rajoute que les JO marqueront « le début de la transition écologique » et ne peuvent pas dépasser le budget « depuis que le CIO a changé ». Seulement, en balançant ces arguments à la suite sans vraiment développer, il a tellement donné l’impression de manger à tous les râteliers que je suspecte que si les Valaisans ont fini par refuser le projet, c’est entre autres parce qu’ils avaient l’impression qu’on les prenait un peu pour des cons.

Culture

Qu’on aime ou non sa musique, Johnny Hallyday a durablement marqué la culture francophone et indéniablement réussi sa vie. Maintenant, pour savoir s’il a aussi réussi sa mort, ce n’est pas difficile : d’abord vous entrez « héritage Johnny Hallyday » sur Google, puis « héritage Johnny Cash », et vous regardez lequel de ces deux Johnny légendaires renvoie à des articles sur la trace qu’il a laissée dans le monde de la musique, et lequel renvoie à une bisbille familiale tellement ennuyeuse que ses seuls gros titres nous fatiguent déjà.

En résumé : Cash renvoie à la musique, et Hallyday au cash.

Coupe du Monde

Si, au terme de la victoire des Suisses face aux Serbes, la polémique de l’aigle à deux têtes divise les Helvètes, peut-être est-il possible de réconcilier tout le monde au moyen d’un symbole fort, comme, par exemple, l’aigle à deux têtes : après tout, il symbolise la coexistence entre catholiques et orthodoxes, on devrait pouvoir s’en inspirer.

Mieux : créons notre propre symbole ! Si l’Albanie a deux têtes, combien peut-on en avoir, nous ? Nous sommes un pays pluriculturel parbleu, alors comme animal symbolique, je propose l’hydre !

Déjà parce que ça a autrement plus de gueule(s) qu’une vache.

Se figure-t-on plus majestueuse bête ? Tout le monde aurait sa tête : une qui pousse des rugissements incompréhensibles, les Alémaniques ; une qui s’agite beaucoup pour qu’on la remarque, les Romands ; une qu’on ne voit jamais parce que les deux premières la cachent, les Tessinois. Une dont on n’est pas bien sûr qu’elle soit toujours en vie, les Romanches. Puis les minorités, ethnies, religions, origines etc.

Quant à l’informe et grotesque queue traînant à terre quelques mètres derrière la bête, elle représentera très bien les Suisses qui se sont offusqués du geste des buteurs.

Sports

Il faut que quelqu’un dise à Federer et à Nadal qu’une place de numéro 1 mondial, ce n’est pas un ballon de plage qu’on se passe paresseusement entre potes pendant de longues journées de glande au soleil. C’est supposé incarner un idéal sportif, nom de nom !

Parce qu’avec ce titre qui, cette année, revient toujours à celui qui ne joue pas parce que l’autre a raté son tournoi, on obtient une sorte de saison « Charlie et la chocolaterie », où tous ceux qui s’agitent se plantent si complètement que c’est finalement celui qui reste dans son coin sans rien foutre qui décroche la timbale.