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Quand les animaux sauvent la partie

Publié: 29 décembre 2015 dans Zoologie

Bon, maintenant que vous en êtes entre la dinde et l’oie dans l’hécatombe des fêtes de fin d’année, ça me paraît un bon moment pour vous proposer un petit billet sur les animaux qui sauvent des vies. Cela permettra de boucler l’édition 2015 de ce blog sur une note positive et pas du tout culpabilisante.

Le rhinocéros noir d'Afrique de l'Ouest, le puma est-américain et toutes les autres espèces disparues depuis 2010 vous souhaitent de belles fêtes de fin d'année !

Le rhinocéros noir d’Afrique de l’Ouest, le puma est-américain et toutes les autres espèces disparues depuis 2010 vous souhaitent de belles fêtes de fin d’année !

La grande différence entre les animaux et nous, c’est que nous, on a une âme. Concrètement, ça ne sert pas à grand-chose, mais certains d’entre nous auront un jour l’opportunité de la vendre pour une fonction importante. Cela s’appelle « la réussite sociale ». Et s’il s’agit bien, en un certain sens, d’un pacte signé avec une puissance obscure, la chose n’adopte pas nécessairement la forme qu’on pourrait attendre d’une telle formule. Il faut davantage voir cela comme une concession faite à notre mode de vie.

L'incantation la plus répandue est « faut bien bosser ».

L’incantation la plus répandue est « faut bien bouffer ».

Alors pendant que nous mettons en commun nos maigres ou puissantes ressources pour montrer chaque jour aux bêtes qui c’est le patron, voyons ce qu’elles font pour nous.

« Arrête tes simagrées idiot, j'essaie de te dire que Timmy est tombé dans le puits ! »

« Arrête tes simagrées idiot, j’essaie de te dire que Timmy est tombé dans le puits ! »

Parents imprudents, les gorilles s’occupent de vos enfants

Parce qu’on oublie trop souvent que les enfants sont stupides, il s’en trouva un en 1996 pour se pencher tellement dangereusement au bord de la fosse aux gorilles d’un zoo américain qu’il bascula dedans tête la première. Il eut cinq mètres de chute pour méditer sur son erreur avant de perdre connaissance en faisant celle du sol.

Entre l’intrusion soudaine de l’espace des gorilles, les cris apeurés du public et le brusque afflux de curieux accourant pour assister au combat opposant une bande de gorilles à un enfant de trois ans inconscient, la situation devint critique en un clin d’œil.

Fort heureusement, Binti Jua décida que son heure de gloire était arrivée. La femelle de huit ans, elle-même mère d’un petit juché sur son dos au moment des faits parce qu’elle était très portée sur les traditions, s’approcha du petit intrus dans les cordes, le souleva délicatement et le garda avec elle tout en repoussant ses congénères qui faisaient mine d’approcher.

La magie des images de l'époque vous vaudra de douter à tout jamais que Binti Jua ait vraiment porté son petit sur son dos pendant qu'elle secourait l'enfant.

« Je vous remercie, mais j’ai déjà un petit. »

Lorsque les membres de l’équipe médicale pénétrèrent dans l’enclos, la brave Binti se dirigea spontanément vers eux pour leur remettre l’enfant, probablement en leur recommandant d’être plus prudents la prochaine fois. Le petit être fut acheminé à l’hôpital dans un état de gravité jugé préoccupant, ce qui est, je suppose, un prix honnête à payer pour ne pas s’être préoccupé à temps de la gravité.

C'est dommage, remarquez : si elle avait gardé l'enfant, ce zoo aurait été le premier au monde à pouvoir présenter un authentique Tarzan.

C’est dommage, remarquez : si elle avait gardé l’enfant, ce zoo aurait été le premier au monde à pouvoir présenter un authentique Tarzan.

Le petit se rétablit rapidement et quitta l’hôpital quatre jours plus tard. Quant à la loyale Binti, elle profita plusieurs mois durant d’une nourriture supérieure et devint la coqueluche du pays, générant un conséquent afflux de visiteurs qui aura probablement poussé la direction à se demander comment faire tomber plus souvent des enfants dans l’enclos.

Et n’allons pas croire que ceci s’avéra être un cas isolé : en 1986, c’était Jambo, dos argenté d’un zoo du New-Jersey, qui porta secours à un garçon de cinq ans qui s’était lui aussi arrangé pour finir au fond de la fosse. Le puissant singe s’était interposé entre le jeune homme hors service et le reste de la troupe, avant de mener les siens dans leur abri pour laisser les secours approcher lorsque le petit eut repris connaissance.

Peut-être pensez-vous à ce stade que ces bêtes mériteraient qu’on leur élève des statues, eh bien c’est exactement ce qu’ils on fait. Mesdames et messieurs, voici Jambo, Protecteur des Enfants Imprudents et Inconscients :

Jambo était un gorille intelligent et de sensibilité, mais Jambo 2 et Jambo 3 étaient inutilement violents et ne collaient pas du tout à l'esprit du premier volet.

Jambo était un gorille intelligent et sensible, mais Jambo 2 et Jambo 3 étaient inutilement violents et ne collaient pas du tout à l’esprit du premier volet.

Le cochon qui s’avéra finalement être un beau cadeau

Si l’on avait le droit de pousser les sots dans des fosses à gorilles, ceux qui offrirent un porcelet vietnamien à une citadine américaine pour son anniversaire auraient du souci à se faire ; l’adorable petit mammifère était en effet promis à atteindre un gabarit considérable et il était hors de question pour la jeune femme de le ramener chez elle.

À l'image : pas un cadeau.

À l’image : pas un cadeau.

Aussi, la jeune truie, nommée Lulu, finit-elle chez Jo Ann et Jack Altsman, les parents de l’heureuse propriétaire, fermiers de profession qui avaient largement la place et les ressources pour s’en occuper.

Incidemment, c'était les mêmes qui avaient récupéré votre vieux labrador à la demande de vos parents quand vous étiez enfant.

Incidemment, c’était les mêmes qui avaient récupéré votre vieux labrador à la demande de vos parents quand vous étiez enfant.

Ils ne s’en plaignirent pas : Lulu leur offrit des trésors d’affection et la maisonnée résonna constamment de grognements joyeux et de rires porcins. Mais un an plus tard, alors que la bête était passée de 2 à 75 kilos, et ne comptait pas s’arrêter là, le danger fut sur le pas de porte des Altsman ; Lulu revêtit sa cape et son chapeau à plume.

En effet, le 4 août 1998, Jo Ann fut frappée par une crise cardiaque et s’écroula. Jack étant à la pêche, il ne restait que les animaux pour prévenir le drame. Ils ne perdirent pas de temps : le chien (peut-être votre vieux labrador) aboya comme un con pendant que Lulu se précipita hors de la maison par la chatière, se blessant au passage et au ventre, pour aller s’allonger sur la route.

Après un certain nombre d’automobilistes qui réagirent en disant « tiens, un cochon » puis en effectuant une manœuvre d’évitement, il s’en trouva un pour s’arrêter et suivre la bête jusqu’à la ferme, où il prit conscience que quelqu’un avait besoin d’aide (en ce que quelqu’un lui cria « j’ai besoin d’aide » à l’intérieur de la maison). Il appela une ambulance et Jo Ann fut sauvée, à quinze minutes près si l’on en croit les docteurs.

Jack avait intérêt à ramener un très gros poisson s'il voulait se rattraper.

Jack avait intérêt à ramener un très gros poisson s’il voulait se rattraper.

Aujourd’hui, Jo Ann et Lulu vont bien, l’une ayant récupéré de son infarctus et l’autre dépassé les 150 kilos. La brave truie devint pendant pas mal de temps une héroïne nationale, passa plusieurs fois à la télé et, ce n’est pas une blague, se lia d’amitié avec Georges Clooney, lui-même propriétaire d’un animal de la même espèce.

Enfin, je dis « aujourd’hui », mais mes sources datant de 2002, la gentille Lulu est probablement morte à l’heure qu’il est. Mais vous savez quoi ? Votre labrador aussi.

Des lions sauvent une fillette d’un kidnapping

Soyez honnêtes : le jour où vous êtes embarqués dans un combat vraiment inégal et que vous pouvez choisir quel animal vous portera secours, le lion figurera forcément dans le haut de la liste. Ses 200 kilos de puissance nonchalante compteront à coup sûr pour quelque chose dans la bagarre.

Et puis ça a autrement plus de gueule qu'un cochon vietnamien.

Et puis ça a autrement plus de gueule qu’un cochon vietnamien.

Et c’est encore plus vrai si vous êtes une Éthiopienne de douze ans ; en 2005, une fillette est kidnappée à la sortie de l’école par sept hommes et emmenée en captivité, où elle sera battue pour l’enjoindre à reconsidérer son refus à un mariage (devant Dieu) avec l’un de ses ravisseurs.

Certaines personnes ont une conception très personnelle de la romance.

Certaines personnes ont une conception très personnelle de la romance.

Sans vouloir leur chercher des excuses, la situations des malfrats était compliquée ; il leur fallait garder la petite avec eux le temps qu’elle développe un syndrome de Stockholm, tout en évitant la police lâchée à leurs trousses. Aussi, ils se voyaient régulièrement forcés de changer de planque.

Toutefois, ce n’est pas la police qui mettra un terme à leur cirque ; après une semaine de cavalcade, alors que les kidnappeurs trimbalaient comme de coutume leur prisonnière vers une de leurs cachettes, ils eurent la plaisante surprise de voir toute une foutue horde de lions leur tomber sur le museau.

Enfin, par horde, j’entends trois lions, ce qui est déjà pas mal. Bien assez pour mettre les gus en fuite : leur demande en mariage ayant trouvé avec les félins une réponse parfaitement adaptée à leur vision du romantisme, les hommes s’éparpillèrent dans la savane en pleurant leur amour perdu. Quatre d’entre eux seront arrêtés peu après.

Non non, juste par la police.

Non non, juste par la police.

Chose incroyable, les lions montèrent la garde environ une demi-journée autour de la fillette sans même en prendre une seule morse ; ce n’est que lorsque les forces de police approchèrent que les bêtes levèrent le camp, laissant la victime aussi indemne qu’elle était (à savoir pas tant que ça) lorsqu’ils l’avaient trouvée.

Encore aujourd’hui, l’histoire suscite des doutes ; en effet, « normalement, les lions mangent les gens » nous apprend le sergent Wondimu tandis que le fantôme de Lapalisse lui adresse un clin d’œil. Toutefois, malgré son incrédulité, il ne peut qu’attester de la véracité de l’histoire puisqu’il était lui même à la tête de la troupe qui avait récupéré la jeune fille, terrifiée et choquée, mais pas mangée.

D’après des experts très déterminés à briser notre vision Simba-esque de la nature, il se pourrait que la petite ait été sauvée par ses propres pleurs, que les félins auraient rapprochés aux miaulements de leur progéniture (c’est con un lion). Donc maintenant, vous saurez quoi faire si un jour vous en avez un en face.

 - Tu sais pas ce que j'ai vu dans la cage d'escaliers ? - Un camé ? - Un lion !


– Tu sais pas ce que j’ai vu dans la cage d’escaliers ?
– Un camé ?
– Un lion !

Merci, extinction !

Publié: 12 juin 2014 dans Histoire, Zoologie

L’imaginaire collectif tend à considérer les dinosaures comme d’énormes lézards placides arpentant paresseusement les forêts et marécages démesurés du passé en contemplant les volcans actifs et en regardant passer les météores.

    

Du reste, l’imaginaire collectif devrait y aller mollo avec le pastel.

Du reste, l’imaginaire collectif devrait y aller mollo avec le pastel.

    

Vous remarquerez d’ailleurs que l’imaginaire collectif a aussi un peu trop tendance à les voir tous groupés à la même place, à cinq mètres les uns des autres, un ou deux par espèce, chacun vaquant à ses occupations même quand ça castagne juste à côté ; peut-être sommes-nous quelque peu menés par nos clichés.

    

La faute à Hollywood, pour changer ! C’est à cause des Américains si nos idées sont faussées, si l’on se représente les vélociraptors comme étant des bêtes diplômées en sciences militaires et surdimensionnées, ou les tyrannosaures comme des ninjas du Crétacé se glissant d’ombres en ombres pour happer les raptors au vol.

    

Mais que voulez-vous, les petiots aiment trop les dinosaures pour qu’on soit complètement honnête avec eux ; on ne peut pas lâcher froidement l’enclume de la réalité sur le fragile cristal de leurs rêves d’enfants ! Nous nous sentons un peu obligés, par égards envers nos têtes blondes qui, comme nous un temps, vénèrent le souvenir de nos ancêtres ovipares, d’arrondir les un peu les angles.

    

Car on sait tous que dans les faits, certaines des bêtes qui peuplaient la Terre à cette époque étaient autrement plus terrifiantes que ce qu’on veut bien montrer à la télévision, des monstres à côté desquels toute notre technologie ne servirait au mieux qu’à nous mettre à égalité.

    

Josephoartigasia monesi

    

Quelques part entre l’Uruguay et vos cauchemars a vécu un temps ce rongeur de trois mètre de long et pesant une grosse tonne dont on a retrouvé dernièrement un crâne fossilisé de 57 centimètres, déjà menaçant à lui-seul.

    

D'après les chercheurs, le film Ratatouille aurait été sensiblement différent à l'époque.

D’après les chercheurs, le film Ratatouille aurait été sensiblement différent à l’époque.

    

Les scientifiques estiment qu’il s’agit là du plus gros rongeur ayant jamais peuplé la planète et je frissonne en songeant à la taille des microbes dont il devait être le vecteur. Et je n’ai pas besoin de vous rappeler la tendance que développent les rongeurs à la surpopulation et aux nuées grouillantes.

    

Leurs incisives mesuraient environ une trentaine de centimètres de long et leur servaient à ronger les os des dragons qu’ils happaient et étouffaient à l’aide de leurs mâchoires. Ils ont vécu entre le pliocène et le pléistocène, ce qui explique pourquoi ces ères sont révolues.

    

Titanoboa Cerrejonensis    

    

Le titanoboa nous renvoie au paléocène, cette période où les boa étaient tellement énormes qu’on s’est senti obligé d’ajouter le mot « titano » devant pour ne pas les vexer.

    

Car vous n’avez pas envie de les vexer.

Car vous n’avez pas envie de les vexer.

    

C’est dans une mine de charbon au nord de la Colombie que fut découvert le titanosquelette en 2009 ; des analyses permirent d’estimer la taille du bestiau à une quinzaine de mètres de long pour un de large et son poids à une moyenne d’une tonne et demi. On pense qu’il se nourrissait essentiellement de crocodiles, de Predators et de vos rêves.

    

Précisons également qu’il a, on ne sait trop comment, survécu au cataclysme qui a mené les dinosaures à l’extinction, faisant de lui le plus gros prédateur terrestre pendant quelques millions d’années. Puis, extinction majeure oblige, le titanoboa ne trouva plus de quoi alimenter son corps absurdement énorme et rétrécit au fil des éons, jusqu’à devenir notre ridicule banaloboa contemporain, moins propre à chasser du crocodile qu’à se planquer lâchement dans les bosquets (d’où son surnom de « boa de santal »).

    

Liopleurodon

    

La planète frissonne encore au lointain souvenir du liopleurodon, sorte de croisement entre un sous-marin nucléaire et Cthulhu à qui on aurait demandé d’arborer un air menaçant.

    

Cette bête a été dotée de plusieurs noms différents, parmi lesquels « Hainosaurus », pour des raisons évidentes.

Cette bête a été dotée de plusieurs noms différents, parmi lesquels « Hainosaurus », pour des raisons évidentes.

    

L’image ci-dessus représente l’un des plus énormes prédateurs de tous les temps, un monstre marin pouvant atteindre les 15 mètres de long dont le rôle dans le grand cycle de la vie était d’être horrible. Sa triple rangée de dents ne lui servait pas à mâcher ses proies, mais à les empêcher de sortir lorsqu’il les avalait tout rond.

    

Ah, et ce n’est pas ça le liopleurodon : ce truc-là s’appelle, comme précisé plus haut, « hainosaurus » ou « tylosaurus ». Si j’en parle, c’est parce que le liopleurodon, avec ses 25 mètres de long et ses 150 tonnes, se nourrissait essentiellement du hainosaurus.

    

Et ça ne le rendait pas aimable.

Et ça ne le rendait pas aimable.

    

Sauf que je vous raconte peut-être n’importe-quoi ; voyez-vous, la taille du liopleurodon divise la communauté scientifique, qui l’estime, selon le point de vue, entre cinq et vingt-cinq mètres de long, au lieu de ne rien dire du tout. Selon eux, la palme du plus grand prédateur marin se disputerait entre le tylosaurus, le liopleurodon et un troisième larron nommé chronosaurus, d’après le titan Chronos, ce qui donne une idée du bestiau.

    

Mais peu importe, honnêtement ; ce machin-là, ils peuvent bien l’appeler comme ils veulent, ce qu’on en retiendra c’est qu’il existait dans les océans de l’époque des bêtes capables de s’aligner toute la faune de Jurassic Park comme des saucisses apéritif ; et elles étaient équipées pour : leurs dents, d’après les chercheurs, pouvaient briser les larges carapaces des pieuvres géantes de cette époque, parce que oui, à cette époque, même le Kraken devait passer une armure pour avoir une chance de survivre.

    

Dunkleosteus

    

Vous savez comme on tend à représenter les idiots pourvus de longues incisives ? Et bien ça marche aussi avec les poissons :

    

Même sans ça, ça n'aurait pas franchement l’air éclairé.

Même sans ça, ça n’aurait pas franchement l’air éclairé.

    

Le dunkleosteus a vécu durant le dévonien, un âge où les dinosaures n’existaient pas encore et maintenant vous savez pourquoi. Quatre tonnes d’amour, dix mètres de long, des dents bien évidemment très tranchantes et une énorme carapace autours de son corps et essentiellement de sa tête, cet aimable poisson nous apprend que le Paléozoïque était un peu la phase « Heavy Metal » de la planète, avec cette tendance marquée à l’exagération.

    

Sinon, ce bestiau est reconnu pour la force de sa morsure, plus du double de celle d’un requin blanc ; au vu de la position de ses dents et de ce qu’on comprend de sa musculature, il est estimé que notre ami était capable d’exercer en un seul endroit la plus forte pression du règne animal et d’ouvrir la gueule en un cinquantième de seconde, créant ainsi un effet de succion propre à aspirer ses proies, un peu comme s’il leur faisait un bisou avant de les sectionner. Ce qui est gentil.

    

Le grand frère (costaud) du T-Rex

    

(Ici en pleine réflexion.)

(Ici en pleine réflexion.)

    

Lorsqu’on vous parle de dinosaures, vous pensez comme tout le monde au tyrannosaure, voire au tricératops si vous êtes végétarien. C’est un peu l’image dominante que notre société a retenu du règne de ces gros reptiles, à la manière des légionnaires qui nous évoquent l’époque romaine, ou des animaux dansant en rond qui nous renvoient à la culture Apache.

    

Et pourtant, curieusement, on a zappé un point important, ou en tous cas qui aurait dû nous interpeller : le tyrannosaure, il ne fallait certes pas lui souffler dans les naseaux, mais c’était plus ou moins le chétif de la famille, celui tout pâlot qui ne va jamais au soleil, qui pleure pour un oui ou pour un non et reste dans un coin de la cour en marmonnant.

    

Parce que dans la même famille, vous avez deux ancêtres qui assument clairement le rôle de « cousins crétins mais costauds » du t-rex, de ceux que vous appelez pour déplacer un canapé ou pour rayer un continent de la carte : le gigonotosaure et le carcharodontosaurus.

    

Le gigonotosaure était plus ou moins semblable au bon vieux Rex, mais d’une taille au dessus. Le carcharodontosaurus, lui, était très proche du gigonotosaure, mais en beaucoup plus difficile à prononcer. En tous cas, ceci nous apprend une chose : certes, ces bêtes étaient démesurées, mais on remarquera qu’à peine elles avaient commencé à diminuer en taille qu’elles se prenaient un météore sur le museau. On ne plaisantait pas à l’époque.

Les animaux-bombes

Publié: 14 Mai 2014 dans Histoire, Zoologie

Attends, quoi ?!

Eh si.

Le fait que la guerre soit quelque chose de très moche est aujourd’hui communément admis par à peu près tout le monde, et même si on en vient gentiment à ranger cette considération dans le panier « philosophie baba cool », on peut quand même saluer le progrès accompli lorsqu’on sait qu’il y a pile un siècle, les jeunes générations européennes saluaient l’entrée de leurs nations dans une guerre fraîche et joyeuse, tandis que les trains les emmenaient à l’abattoir.

Mais malgré tout, le temps passe et cicatrise les blessures ; la guerre est certes moche, mais elle est surtout lointaine. On ne prend conscience d’une partie de sa réalité que lorsque l’on s’indigne des afflux de réfugiés qu’elle amène à nos portes. Nous autres Européens avons d’autres soucis, comme la crise, le chômage, la pauvreté grandissante, la mainmise des lobbies, le dumping salarial, la violence des jeunes, la maltraitance des animaux, la recrudescence des cambriolages, le travail au noir, l’immigration massive, l’évasion fiscale, l’augmentation du prix de l’essence, les abuseurs sociaux, l’obésité croissante, les maladies cardiovasculaires, le stress, la circulation routière, les gens qui ne vous répondent pas quand vous leur dites bonjour, ceux qui ne changent pas le rouleau de pq quand ils prennent la dernière feuille, bref, à chacun sa croix.

Peut-être ne serait-il pas inutile de se rappeler pourquoi la guerre est quelque chose d’à part, d’une horreur probablement inégalable, avant qu’on en vienne à la considérer comme l’égale d’un robinet qui goutte.

Par contre, comment qu’on s’y prend ? Parce que les arguments du type « les enfants souffrent » ont perdu de leur percutant à force d’être employés dans tous les débats politiques possibles, et les pillages, massacres et viols suffisent à peine à nous faire remplir un chèque occasionnel pour la Croix Rouge. Peut-être aussi que le fait de croire qu’il se passe exactement la même chose à cause des jeunes dans toutes les gares du pays nous a accoutumés aux horreurs de la (pas) guerre. On est blasé. On a vu tant d’abominations que nos âmes sont couvertes de cendres et nos cœurs changés en pierre.

On est des durs.

On a tout vu.

Y nous font bien marrer les Nord-Coréens, nous on a les Suisse-Allemands.

Et bien j’ai une proposition : peut-être que le citoyen lambda, entre deux lolcats et un commentaire réclamant le retour de la peine de mort à la suite d’un article sur un type qui a négligé son cheval, se laissera émouvoir par le fait que la guerre fait aussi du mal aux animaux. Je sais que c’est un peu lâche de faire appel à l’émotionnel, mais après tout, à la guerre comme à la guerre.

Alors voici un petit échantillon de ce qui se passe dans la tête d’un ingénieur militaire à qui l’on demande d’étoffer nos arsenaux de trente millions d’explosifs.

Les chiens antichars, URSS, 1941

Les historiens s’accordent à dire que lorsqu’une grande armée se déploie quelque part dans le monde, une fois sur deux c’est la Russie qui se la prend dans la gueule. 1941 ne fait pas exception puisque la Wehrmacht entreprend la conquête de l’URSS. Pendant une sombre période, pillages, meurtres, déportations et passages de blindés seront le quotidien des habitants. Donc comme d’habitude sous Staline, mais avec des blindés qui passent.

Repousser l’Allemagne était déjà un défi en soi, mais les purges staliniennes de même que le manque dramatique d’armes antichars rendaient la chose encore plus difficile ; pris entre la menace nazie et celle du camarade commissaire qui exigeait des résultats, les ingénieurs soviétiques cherchèrent désespérément des moyens de stopper la progression ennemie malgré leurs maigres ressources et, quelques cartoons plus tard, élaborèrent un plan :

Vous connaissez l’histoire de Boum le Chien ?

Vous connaissez l’histoire de Boum le Chien ?

Au rayon des ressources inépuisables du pays, on comptait entre autres des explosifs et des chiens errants ; allez savoir comment, mais on en vint bien vite à faire l’association d’idées. Il en résulta des toutous affamés et affublés de harnais chargés d’explosifs, qu’on habitua à chercher leur pitance sous les chenilles de chars en marche. Un détonateur s’activait lorsque la pauvre bête passait sous un blindé, et boum.

Il est difficile de juger précisément l’efficacité de cette méthode, mais les Soviétiques estimaient à 300 le nombre de blindés neutralisés par les « Hundminen », comme les appelaient les Allemands. L’idée fut néanmoins assez vite abandonnée, d’une part parce que les Russes finirent par développer de vraies armes, mais aussi parce que les quelques animaux qui ne fuyaient pas le vacarme des champs de bataille s’avéraient incapables de saisir la différence – pourtant évidente – entre un Panzer IV allemand et un T34 russe. En 1942, au terme d’une bataille gagnée ni par les Russes, ni par les Allemands, mais par les chiens morts, on oublia cette méthode en espérant qu’aucun bloggeur ne viendrait en parler. Peine perdue.

Les Rats Fourrés, Angleterre, 1941

1941 toujours, année sombre pour l’humanité mais aussi pour les bêtes, comme on s’en rend compte. Si les Russes la pilent sous l’avancée de la Wehrmacht, l’Angleterre n’a pas bonne mine non plus, écrasée sous les bombardements de la Luftwaffe et isolée par le foisonnement d’U-boot autour de l’île.

Il était urgent pour les Anglais de trouver des moyens d’inverser la tendance et l’on consacra beaucoup de réflexion à la question ; dès lors, quelque part au milieux des plans abscons et des théories fiévreuses, quelqu’un envisagea l’idée du rat explosif.

Le projet était le suivant : vous prenez un rat mort, vous lui enfoncez des explosifs dans le c** et vous vous arrangez pour qu’il finisse dans le charbon allemand ; plus tard, un vigoureux Boche le balance dans la chaudière en même temps qu’une pelletée de combustible et le tour et joué, il n’y a plus qu’à attendre que l’ennemi dépose les armes.

L’opération « Humour Anglais » peut débuter.

L’opération « Humour Anglais » peut débuter.

C’est ainsi que les serviteurs de sa très gracieuse majesté commencèrent à recueillir les rats morts, aimablement offerts par divers commerçants qui croyaient les bêtes à poils destinées à l’université. Hélas pour le monde libre, le plan échoua d’un rien : le premier chargement de rats morts explosifs – il faut bien l’appeler par son nom – fut saisi par l’ennemi qui fit vite suivre l’information. Le Royaume Uni abandonna l’idée aussitôt, ce qui n’empêcha pas l’Allemagne, visiblement impressionnée, d’inspecter scrupuleusement chaque chargement de charbon.

Et en dépit du résultat, un plan qui pousse votre ennemi à faire attention aux culs de rats morts ne peut pas être totalement considéré comme un échec.

Les Porcs Enflammés, Empire Romain

Si l’on se souvient encore aujourd’hui du nom d’Hannibal, c’est en bonne partie grâce à Anthony Hopkins l’exploit du général carthaginois, lequel, à la tête d’une grande armée comptant notamment des éléphants de guerre, fit traverser les Alpes à toute sa clique pour aller anéantir l’Empire romain. Nombre de légendes furent tissées autour de cet exploit, et beaucoup considèrent aujourd’hui l’Africain comme l’un des – sinon le – plus grands généraux de l’histoire.

Au vu du prodige, il est dommage qu’Hannibal ne parvint pas à renverser Rome, d’autant plus qu’une des raisons de sa défaite (mise à part l’avalanche qu’il aurait déclenchée en montagne) serait – conditionnel – l’emploi par l’ennemi de cochons enflammés, dont les hurlements terrifieraient les pachydermes. Je n’ai personnellement aucune peine à le croire, j’imagine que la scène doit avoir quelque chose de malsain.

Mais pas autant que le type qui a eu l'idée.

Mais pas autant que le type qui a eu l’idée.

Selon Pline l’Ancien, des porcs enduits de goudron, immolés puis dirigés vers les éléphants, auraient suffi à mettre ces derniers en déroute, ce qui n’est pas seulement une victoire, mais aussi et surtout un spectaculaire bras d’honneur à qui consacra tant de temps et d’efforts à leur faire traverser la moitié du monde.

Les pyropiafs, Ukraine, 946

On dit parfois que les femmes russes ou ukrainiennes peuvent être des vicieuses, dans le mauvais sens du terme. C’est probablement vrai, regardez :

Regardez-moi dans les yeux et dites « j’aimerais sortir avec cette femme ».

Regardez-moi dans les yeux et dites « j’aimerais sortir avec cette femme ».

Olga de Kiev était une reine ayant vécu à la fin du premier millénaire. Elle est surtout celle qui a posé les bases de la future Russie.

Dans les faits, elle est d’origine nordique, où elle était appelée « Helga ». Arrivée en territoire russe avec son mari, son beau-père et toute une armée de vikings, elle a réuni les peuplades locales sous son joug à coups de tatanes, comme le voulaient les traditions de son pays.

Durant son règne, elle anéantit nombre de tribus rivales, noya ses ennemis dans des flots de sang et de flammes, donna au mot « vengeance » une définition qui ferait frémir le Comte de Monte-Cristo, s’appropria les richesses de la région, enterra vingt personnes vivantes et, à sa mort, fut canonisée par l’église Orthodoxe, parce qu’elle était bien gentille.

Vous faites les malins avec vos prix Nobel/Confucius de la Paix, mais ça fait mille ans qu’une femme vous a battu à plates coutures.

Vous faites les malins avec vos prix Nobel/Confucius de la Paix, mais ça fait mille ans qu’une femme vous a battus à plates coutures.

En 945, Igor, le mari d’Olga, chevauchait de ville en ville pour récolter la taxe façon « Don Fanucci », poussant l’arrogance jusqu’à passer deux fois par bled et écrasant le petit peuple sous les impôts. Il aurait dû se méfier en arrivant auprès d’une tribu dont le prince s’appelait « Mal », lequel lui tendit une embuscade, lui régla son compte ainsi qu’à sa garde d’honneur, décapita le bonhomme, ouvrit son crâne, vira son cerveau et versa de l’or fondu à la place, convertissant la tête du roi en coupe à poser près de l’entrée pour y mettre ses clés et sa petite monnaie. Puis il envoya vingt émissaires expliquer à Olga que la tête de son mari servait désormais d’ornement décoratif et, aussi, lui demander sa main. Donc ce sont ces types-là qui finirent ensevelis vivants.

Elle fit toutefois mine d’accepter la proposition. Le prince, l’esprit trop occupé par les projections sans doute plaisantes qu’il se faisait de son avenir avec sa Danoise toute neuve, ne sentit pas le vent venir et tomba dans le panneau. Peu après, alors que les festivités avaient été interrompues par l’irruption de quelques armées de vikings armés jusqu’aux dents, le bon Mal tentait comme il pouvait de négocier sa reddition, qui fut acceptée au-delà de ses espérances : tout ce qu’Olga demanda, c’était des oiseaux. Que chaque habitant du bled lui donnât entre un et trois oiseaux trouvé sous son toit, peu importe lesquels, juste en signe de soumission – le prince n’avait de toute façon plus grand-chose d’autre à offrir – et la Reine s’en retournerait à Kiev. Son offre généreuse fut bien entendu acceptée.

Peu après le départ, à quelques centaines de mètres de la ville, Olga fit arrêter son armée ; chacun de ses hommes saisit un zoziau et lui attacha une sorte de mèche légère munie de fins morceaux de tissus. Puis ils allumèrent les mèches et lâchèrent les volatiles, qui s’en retournèrent précipitamment en ville, dans les maisons qu’ils venaient de quitter, avec leur nouveau copain le feu.

Quelques heures après, la ville entière était en cendres.

Batbombs, USA, 1942

Pour terminer, revenons-en à la seconde guerre mondiale, aux Etats-Unis plus précisément, où l’on cherchait à mater ces Japonais agités.

Mater… Japonais… Pigé ? Parce que « Maté », en japonais, ça veut dire « arrêter »… C’est drôle. C’est drôle !

Mater… Japonais… Pigé ? Parce que « Maté », en japonais, ça veut dire « arrêter »… C’est drôle. C’est drôle !

Probablement inspirés par l’exemple des vikings russes, les ingénieurs militaires mirent au point une méthode vaguement similaire, mais en ciblant les chauves-souris. Parce qu’elles sont moches.

Voici le plan : vous prenez des chauves-souris, vous leur attachez une charge incendiaire à une papatte, vous les tassez bien comme il faut dans une bombe munie de trous pour qu’elles puissent respirer (on n’est pas des monstres)…

Parce que je sais que vous me suspectez de raconter du flan, voici la bombe en question.

Parce que je sais que vous me suspectez de raconter du flan, voici la bombe en question.

 …puis vous larguez l’engin juste au lever du soleil. La bombe s’ouvre en l’air, libérant les petits animaux, certainement très sereins, que l’instinct va pousser à s’abriter de la lumière dans les bâtisses. Ensuite vous appuyez sur le petit bouton rouge et sortez les marshmallows.

En 1945, tout était prêt, des tests jugés très prometteurs avaient même été conduits, mais à aucun moment on ne s’est décidé à en faire usage. Pourquoi ? Et bien tout simplement parce qu’on estimait que c’était trop cruel envers les bêtes. Haha, je déconne : en fait, il y avait un autre projet d’arme qui arrivait gentiment à terme, et on en vint à le préférer. J’ignore bien pourquoi.

Une bombe atomique libère autant d’énergie que 45'630'488’272'846'669 chauves-souris incandescentes.

Une bombe atomique libère autant d’énergie que 45’630’488’272’846’669 chauves-souris incandescentes.

Entre l’homme et l’animal, c’est une longue et belle histoire d’amour.

Franchement ? Des barbares.

À l’image : beaucoup d’amour.

Depuis des millénaires, nous travaillons main dans la patte ; en échange de nos soins et de notre protection, nos amies les bêtes tractent nos charrues, gardent nos maisons, garnissent nos assiettes, sautent à travers nos cerceaux, courent dans nos roues ou nos hippodromes, compensent nos carences en virilité, tiennent les rongeurs éloignés, nous font rire sur Internet ou encore vont chercher de l’aide lorsque Tim se vautre dans le puits.

- "Merci !" - "Ta gueule !"

– « Merci, aimables rongeurs ! »
– « Ta gueule ! »

Et ça dure depuis très, très longtemps. L’homme aurait domestiqué le loup durant le paléolithique, puis le chat, le cheval et le bovin pendant le néolithique.

Et dès les premiers outils en bronze, il inventa le bœuf.

Et dès les premiers outils en bronze, il inventa le bœuf.

Avec le temps, on a pris conscience qu’on pouvait leur demander plus ou moins n’importe quoi et on ne s’est pas gêné ; nous sommes déjà très forts pour nous exploiter entre nous, alors les animaux, c’était sûr qu’on n’allait pas les louper. Et là où ça devient galère, c’est dans le monde du spectacle.  

  

Parce que pour lui faire tracter un char ou déchiqueter un type vous pouvez toujours lui expliquer, au bestiau, mais quand il s’agit de faire semblant c’est plus complexe et mène parfois à des situations rocambolesques ; on voudra bien les voir comme une douce revanche sur ce qu’on leur fait subir, mais enfin, qu’est-ce qu’ils y peuvent, Eli Wallach ou Arnold Schwarzenegger, si Peter Jackson a laissé des chèvres mourir de faim pendant le tournage du Hobbit, par exemple ?

  

Rien, certes ; mais on va se gausser malgré tout.

 

Eli Wallach se paie un Galop de la Mort

 

En 1966, Sergio Leone tourne le Bon, la Brute et le Truand, et vous n’existez pas complètement tant que vous n’avez pas vu ce film. Le tournage fut des plus chaotique, mais pour les besoins de ce billet nous allons juste préciser deux choses : d’une part, Eli Wallach, qui interprétait le truand, n’aimait pas les chevaux. Du tout. D’autre part, Sergio Leone semblait se foutre de la sécurité de son équipe comme de l’an 40.

 

Notez d’ailleurs que l’inusable Eli Wallach, né en 1915, tourne toujours des films aujourd’hui. Je tâcherai de m’en inspirer lorsque l’âge de la retraite passera à cent ans.

Notez d’ailleurs que l’inusable Eli Wallach, né en 1915, tourne toujours des films aujourd’hui. Je tâcherai de m’en inspirer lorsque l’âge de la retraite passera à cent ans.

Tout ceci nous mène à une scène où le pauvre Eli est juché sur un cheval aussi nerveux que lui, ses mains sont attachées dans son dos et une corde est passée autour de son cou. Tout pour mettre à l’aise.

 

Lorsque Clint Eastwood fait feu pour couper la corde, la bête prend peur en même temps que ses sabots à son encolure et pique le galop de sa vie, entraînant dans une course effrénée un Eli Wallach hurlant de terreur, privé de l’usage de ses mains, s’agrippant à la vie et à sa monture de toute la force de ses genoux.

 

La brave bête galopa sur plus d’un kilomètre.

 

Arnold Schwarzenegger et les Rottweilers

 

Le film Conan le barbare (la vieille version) ne fait pas l’unanimité et la plupart de mes connaissances qui le découvrent ne crochent pas. Peut-être le film a-t-il mal vieilli et que ses spectateurs y voient une sorte d’œuvre à mi-chemin entre la solide production hollywoodienne et le film-à-l’arrache d’une bande de potes où l’on voit un type musclé courir sur la musique du Donjon de Naheulbeuk, mais laissez-moi vous dire que ses détracteurs ont tort. La preuve : il y a un type armé d’un gros maillet.

Je veux le même.

Je veux le même.

Il y a aussi nombre de scènes badass soutenues par trois piliers fondamentaux du cinéma moderne : du sang, des seins et de la testostérone, le tout finement dosé à la pelle de chantier. Et parmi ces scènes, il y en a une, vers le début du film, où Conan court (il fait ça beaucoup) avec des chiens au train, et leur échappe en grimpant sur une colline. Ça, c’est dans l’histoire. Dans les faits, c’est Arnold Schwarzenegger qui court, et les chiens n’ont pas compris qu’il ne s’agit pas vraiment de Conan.

 

Or, Schwarzie se débrouille nettement moins bien que son homologue Cimmérien : à peine entreprend-il de gravir le rocher que les clébards fondent sur lui, saisissent ses vêtements, le font chuter et se ruent dessus tous crocs dehors avant l’intervention en catastrophe du maître-chien (puis de ses copains, les points de suture).

 

Pour le plaisir des yeux, voici une vidéo d’un futur gouverneur de Californie en passe de se faire déchiqueter par des gros toutous :

 

On voit trop rarement des politiciens se battre à mort avec des chiens furieux de nos jours.

 

On pourrait croire que les bestiaux se sont acharnés sur lui pour offrir au film un supplément « Terminator VS Rottweilor », mais il n’en est rien : le seul autre passage à inclure ces fichus clébards, tout au début, nous montre les deux bêtes achever le père de Conan, et l’acteur nous assure qu’elles cherchaient à atteindre sa gorge tandis qu’il était à terre.

 

Juste avant qu’ils ne l’attrapent par le bras et le trainent sur cinquante mètres.

 

Voilà. Je pensais sincèrement que je trouverais d’autres cas à vous raconter, je suis sûr qu’il y en a une pléthore, mais lorsque vous faites des recherches incluant des animaux et le cinéma, vous tombez sur des millions de sites dénonçant les mauvais traitements infligés aux bêtes par les hommes, et pratiquement rien sur le contraire.

 

De la pure discrimination. Sales bêtes.

Lorsque la nature trie nos déchêts

Publié: 28 novembre 2013 dans Zoologie

Au vu de la capacité innée de l’être humain à détruire des espèces entières sans même en avoir conscience, il est permis de se demander combien de temps tiendrait une forme de vie que l’on chercherait délibérément à anéantir. Entre notre propension à piquer l’espace vital aux animaux, à les chasser pour un oui ou pour un non ou à polluer leurs sources de nourriture, vous imaginez si on se mettait vraiment en rogne ?

Sauf peut-être un petit groupe de survivants dans un supermarché.

On parle tout le temps d’apocalypse zombies, mais avec des tarés comme nous il n’y aurait plus un seul mort-vivant sur Terre en une grosse matinée.

 

Pourtant, il y a un truc qu’il faut laisser les animaux, c’est qu’ils s’adaptent nettement mieux que nous à leur environnement, si merdique soit-il. Les crocodiles sont capables de jeûner jusqu’à deux ans, on a vu des chiens ou des chats parcourir des distances démentes pour retrouver leurs familles, les chameaux vous traversent tout un désert et en ressortent sans une bosse, certains animaux font preuve de beaucoup d’inventivité pour échapper au froid ou à la chaleur et les tortues peuvent vivre sur le dos jusqu’à la mort.

Et nous dans tout ça ? Et bien c’est déjà une petite victoire si l’on parvient à s’adapter à une nouvelle télécommande ; à chaque hiver, les citadins découvrent la neige pour la toute première fois. On aura complètement recouvert les océans de plastique avant de s’habituer à trier nos déchets. En fait, il est peut-être plus simple que l’univers entier s’adapte à nous plutôt que le contraire.

Et c’est bien ce qu’il fait ; on serait surpris de voir avec quelle ingéniosité la nature en vient à tirer avantage de l’activité humaine. Et je ne parle pas des pigeons et des chats qui sont en pension complète, je parle d’animaux ordinairement plus sauvages :

Les oiseaux récupèrent vos mégots

Vous fumez ? Et, conscient du fait qu’un mégot est une merde écologique, vous trimballez une de ces petites boîtes pour les récupérer ? Salaud !

Et les petits oiseaux hein ? Vous y pensez aux petits oiseaux ?

Sans filtre.

Ils ont un chant merveilleux, surtout quand on sait qu’ils sont élevés à la Gauloise papier de maïs.

En effet, il a été remarqué dans plusieurs grandes villes que quelques espèces de piafs recherchaient délibérément des mégots de cigarettes à rajouter à leurs nids, pour avoir l’air cool en chasser les parasites.

La haute teneur en nicotine présente dans les filtres de cigarettes fumées serait d’une grande aide pour éloigner les nuisibles. Pour en avoir le cœur net, des scientifiques ont mené des tests en disposant des cigarettes neuves ou fumées sur des papiers adhésifs dans une zone artificiellement chauffée pour attirer les parasites.

Au bout de vingt minutes, il a été constaté qu’il y avait deux fois moins de parasites autours des mégots de clopes fumées que neuves (mais la prolifération de clochards piégés autours des cigarettes intactes a peut-être joué un rôle). La conclusion fut que la nicotine repousse les bébêtes.

Attendez quand même avant de jeter délibérément vos mégots sur des nids, car il est à craindre que la nicotine, hautement toxique, ne se révélât mortelle pour les oisillons à trop haute dose.

La radioactivité au service des éléphants (morts)

On sait que le nucléaire n’est pas un cadeau pour Dame Nature ; dès qu’il y a un couac, les chiffres dépassent notre entendement en partant dans tous les extrêmes, que ce soit la période de traitement naturel du désastre (pouvant monter à plusieurs millions d’années) ou la période de couverture médiatique (quelques jours).

Relativement récente, la technologie atomique est encore mal maîtrisée mais plutôt répandue : entre les milliers d’essais conduits partout dans le monde, les accidents de Tchernobyl et Fukushima ainsi bien sûr que Hiroshima et Nagasaki, le nucléaire a plus ou moins durablement marqué tout ce qui existe ou aurait pu exister sur Terre. Y-compris les éléphants et les rhinocéros.

Cette dernière précision paraît dérisoire, mais sachez que dans la lutte contre le braconnage, on fait un bisou à Robert Oppenheimer, car grâce au carbone 14 et à divers trucs que je n’ai pas très bien compris, il est possible, à partir d’un bout d’ivoire, de connaître l’identité de l’aimable pachyderme qui en était le propriétaire, où il a vécu et quand il a cassé sa pipe. Très utile quand on sait que le braconnage fait quelques dizaines de milliers de morts chaque année chez les éléphants et que cette méthode a permis d’arrêter déjà plusieurs chasseurs.

« Nous allons larguer une bombe atomique sur des villes japonaises pour mettre fin à la guerre et piner les braconniers du futur ! »

« Je suis devenu la Mort, le Destructeur des Mondes. Ma seule consolation est de l’avoir mis bien profond aux braconniers. »

Donc dans notre monde où le nucléaire est supposé donner des superpouvoirs, on peut considérer qu’on lui doit une sorte de héros qui sauve des éléphants morts.

Néanmoins, pas la peine de planquer de votre ouvre-lettre en ivoire dans le sens où les traces sont généralement si minces qu’on estime que d’ici une quinzaine d’années, cette méthode appartiendra au passé.

Les élans profitent de nos routes (sans payer la vignette)

D’habitude, lorsque l’homme emménage quelque part, il ne fait pas bon faire partie de la vie sauvage du coin. Que ce soit par légitime défense, par besoin, par peur ou par inadvertance, il va vous buter, c’est comme ça, faites-vous à cette idée.

Pourtant, il existe une catégorie d’animaux qui aime beaucoup ce que vous faites : l’élan. Rien que dans l’Idaho, les élans seraient passés de mille à vingt-cinq mille têtes en moins d’un siècle. Comment ? Et bien d’une part parce qu’en déboisant on leur fait de la place, et que nos forêts « entretenues » comptent beaucoup plus d’arbustes, très importants dans leur alimentation, qu’une forêt sauvage. Mais surtout, il y a la route. Car si l’on se sert de nos routes pour se déplacer rapidement en y prenant de l’élan, rien de choquant à ce que l’élan prenne lui-aussi la route.

Prenez note, je fais aussi les anniversaires, les mariages et les soirées camping.

« …et j’aimerais aussi remercier tous mes amis sans qui ce prix du jeu de mots le plus navrant de la quinzaine n’aurait pas été possible, et… »

En fait ce sont les femelles enceintes qui, de plus en plus, viennent mettre bas auprès de certaines routes américaines, car il se trouve que son prédateur naturel, le grizzli, aime autant le bébé élan qu’il déteste la route. Donc à l’heure actuelle, les élans semblent avoir trouvé la combine imparable. Un moyen orignal, qui plus est.

Mais ça ne durera pas. Déjà maintenant, le grizzli a compris que s’il veut continuer à croquer du bébé élan, il lui faudra vaincre sa peur, tel une sorte de Batman fluffy doté d’un goût prononcé pour le miel et la chair crue.

« Donc j’essayais de faire sortir le bébé élan de ma voiture tout en échappant à la mère hystérique, et puis là un ours est arrivé et… »

Depuis la mort de ses parents, c’est son loyal Alfred qui lui prépare ses crêpes.

Donc d’ici peu il faudra faire très gaffe sur certaines routes aux USA.

La fonte des glaces nourrit les océans

On entend souvent qu’il n’y aura plus le moindre poisson dans l’eau d’ici 2050, et bien c’est des conneries ! Yeah, fêtons ça, sushis baleine-dauphin-thon rouge pour tout le monde !

Vous connaissez le topo : la température grimpe, l’eau chauffe, les icebergs fondent, le niveau des mers monte et c’est la merde. D’ici quelques temps, beaucoup de villes côtières vont se retrouver avec un sérieux problème et on ne l’aura pas volé.

D’un autre côté, cette fonte des glaces permet à des icebergs de libérer tout un bordel gelé en eux depuis des éons, notamment des tonnes de minéraux et de fers qui, non contents d’absorber énormément de dioxydes de carbone, forment tout simplement la base de toute vie océanique en étant la principale source de nourriture du plancton. C’est ce qu’a révélé une étude menée en 2007 dans la mer Weddell, dont le niveau en minéraux, fers & co aurait augmenté – je ne sais pas en combien de temps – de 40%.

Copain !

Donc la solution au dépeuplement des océans est tout simplement gelée dans les océans eux-mêmes, attendant un petit coup de chaud pour aller mettre de l’ordre dans tout ça. Ne crions pas victoire trop vite néanmoins : premièrement, les mers sont toujours aussi dégueulasses et il n’existe pas un seul poisson au monde qui ne soit pas malade. Avant de décongeler la becquetance, il serait déjà bon ton d’arrêter de balancer nos merdes à la flotte. Ensuite, ces minéraux sont bien sympas, mais ils n’absorberont pas assez de dioxydes de carbone pour régler à eux seuls nos problèmes de pollution. Mais surtout, surtout, lorsque la nouvelle se répandra, nous allons probablement assister à un haro sur toutes les espèces existant encore quelque part dans la flotte, en se disant que de toute façon, la relève arrive.